Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La soirée avait déjà mal tourné pour Golden State, longtemps dépassée par une équipe d’Orlando plus agressive et disciplinée. Mais une séquence en particulier a cristallisé la frustration d’un vétéran habitué aux joutes les plus intenses. Jimmy Butler, recruté pour apporter son leadership et sa dureté, n’a pas caché son agacement après une action qui symbolisait le naufrage offensif de son groupe.
Dans un match où les Warriors n’ont quasiment jamais semblé capables de dicter le rythme, plusieurs erreurs collectives ont fini par s’accumuler. Sans Stephen Curry sur le terrain, ils peinaient à trouver des repères constants et alternaient séquences brouillonnes et initiatives individuelles forcées. C’est dans ce contexte de frustration croissante que survient l’action qui va déclencher l’un des moments les plus commentés de la rencontre. Les visages crispés et les échanges rapides entre joueurs illustraient une équipe dépassée.
Tout est parti d’un simple lob mal négocié pour les Dubs avec Jimmy Butler à la passe. Buddy Hield manque une réception facile, offre la balle à Desmond Bane… et déclenche la fureur instantanée de Butler. « Je ne te passerai plus jamais la balle », lâche-t-il, clairement excédé par cette erreur évitable qui mène directement à deux points pour Orlando.
Une crispation qui révèle un malaise plus profond
L’échange n’est pas anodin, car il intervient dans une période où Golden State tente encore de trouver une identité hybride entre le jeu ultra-mobile de Curry et le style physique de Butler. Sans leur chef d’orchestre habituel, les séquences collectives deviennent instables, et les erreurs se multiplient. Butler, lui, répond une nouvelle fois par une prestation solide, rappelant qu’il tient encore le rôle de moteur émotionnel. Son irritation ne vise pas seulement la faute de Hield, mais l’incapacité globale du groupe à élever son niveau.
Hield, de son côté, sort d’une prestation complètement neutre : 15 minutes jouées, seulement deux points, aucune passe, aucun rebond, et cette perte de balle qui fait basculer un peu plus l’inertie du match. À 36 ans, Butler ne peut pas se permettre de compenser seul, d’autant qu’il affichait encore 33 points, sept rebonds et quatre passes à un taux d’adresse remarquable. Dans ce contexte, sa réaction peut être perçue comme celle d’un vétéran lassé de devoir porter trop souvent le poids d’un groupe en manque de constance.
Leur relation, pourtant, n’a jamais été froide. Les deux hommes se connaissent bien, se challengent régulièrement, se chambrent même devant les caméras. Hield le disait encore récemment : pour lui, Butler est « comme un grand frère », une figure d’autorité mais aussi un partenaire de jeu qui le pousse à progresser. Ces échanges taquins sur leurs duels en un-contre-un montrent une complicité bien réelle malgré la différence de style.
Reste que sur le parquet, Butler n’a jamais transigé avec l’exigence. Lorsqu’il joue, il attend que tout le monde réponde avec la même intensité que lui, sans quoi son langage corporel parle à sa place. La défaite contre Orlando (113-121) met en lumière un vrai défi pour Golden State : retrouver une homogénéité offensive capable de soutenir son duo de leaders. Hield, lui, sait qu’il devra montrer autre chose lors du prochain match s’il veut effacer l’image laissée pendant cette soirée difficile.
