Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Artiste aussi populaire que singulier, Julien Doré a toujours revendiqué une vision très personnelle de l’engagement public. S’il soutient régulièrement des causes qui lui tiennent à cœur, le chanteur n’a en revanche jamais participé au spectacle des Enfoirés, contrairement à de nombreux collègues. Et depuis ses débuts, il ne se cache pas : ce format ne correspond pas du tout à sa manière de concevoir la solidarité, ni à son rapport à la médiatisation.
Bardé de son tempérament franc et singulier, Julien Doré revendique depuis longtemps une forme de retenue face aux actions caritatives très exposées. Pour lui, la solidarité ne devrait jamais devenir un spectacle et encore moins un outil de visibilité. Cette ligne de conduite, parfois incomprise, traverse pourtant toute sa carrière et explique pleinement son absence au sein de la troupe des Enfoirés.
Dans une interview accordée au journal suisse Le Matin en 2012, il avait déjà tenu un discours limpide sur son compteur bloqué à 0 participation, là ou d’autres en sont désormais à plusieurs dizaines d’éditions. Et ses propos étaient pour le moins cash :
« Ils veulent nous faire croire qu’ils sont une bande de copains, c’est de la foutaise. Les footballeurs ou les rugbymen qui viennent juste un soir pour montrer leurs gueules, ça me gêne. Je n’aime pas cet étalage, j’ai une autre conception de la charité. Je préfère venir en aide à des associations de mon côté sans le crier sur les toits ».
Le point de vue de l’artiste à l’univers si distinctif n’a pas varié au fil des années. En 2020, après le confinement, il confirmait sur Paris Match son malaise face à la médiatisation de certaines démarches solidaires. Car si Patrick Bruel, Thomas Dutronc et d’autres artistes avaient été très présents sur les réseaux pendant le premier confinement, lui s’était montré discret :
« L’enfer c’est pas les autres, c’est ceux qui font rêver et qui te vendent leur culotte pour un peu de télé. C’est insupportable de faire passer son taux de notoriété avant sa matière artistique. C’est trop souvent le cas désormais. Là où ça devient pathétique, c’est quand cette mise en avant du taux de notoriété est accompagnée d’une volonté étrange d’aider, de participer. Pendant la période qu’on a traversée, je ne sentais pas à l’aise avec le fait d’aider d’une façon très médiatique. Pour certains, c’était une manière de ne pas être oubliée ».
Avec zéro participation aux Enfoirés, Julien Doré reste donc fidèle à lui-même : discret, indépendant et profondément attaché à une manière d’agir qui ne doit rien à l’apparence. Une constance rare dans l’industrie musicale actuelle, et qu’il assume pleinement, comme d’habitude.
