Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure incontournable de l’imitation en France, Laurent Gerra continue de triompher aux quatre coins du pays. Mais si l’humoriste n’a pas échappé à quelques polémiques au fil des années, il a choisi de s’en épargner une en s’interdisant d’imiter une star bien particulière. Un choix expliqué avec franchise, à une époque où l’artiste concernée traversait une période particulièrement délicate.
C’est en 2024 que Laurent Gerra est revenu en trombe avec son nouveau one-man-show, intitulé « Laurent Gerra se met à table ». Fidèle à sa désormais traditionnelle recette, le natif de Mézériat avait imaginé un spectacle mêlant sketches, grands classiques et parodies musicales. Lors d’une interview accordée à Nice-Matin, l’imitateur avait ainsi détaillé la « carte » de ce spectacle imaginé comme un repas à partager :
« Nouvelle carte et plats signatures. Je pense que le public attend les classiques : François Hollande, Jack Lang, Johnny… à qui je rends hommage. Il y a trente morceaux de musique dans le spectacle et comme j’ai la chance d’avoir de brillants musiciens, c’est un bonheur de jouer avec eux, de présenter des parodies et des hommages. Il y a les sketches aussi, bien entendu. »
Mais dans cette longue liste de voix familières, une grande absente avait immédiatement frappé les spectateurs : Céline Dion. À l’époque, l’interprète québécoise, touchée par le syndrome de la personne raide, vivait l’une des périodes les plus éprouvantes de sa carrière. L’humoriste avait alors décidé de mettre un frein à l’une de ses imitations les plus connues, un geste rare dans son univers.
Toujours lors de cette interview, Laurent Gerra avait en effet expliqué avec sobriété et respect la raison de cette décision :
« La seule limite c’est que ce soit drôle, donc à partir du moment où quelqu’un souffre, on ne peut pas se le permettre. En plus, j’ai beaucoup d’admiration pour l’artiste et sa carrière. Elle a un talent incroyable. C’est souvent dans les interviews qu’il y a quelque chose dont on peut se moquer. En l’occurrence là, je me mets à sa place aussi. »
Pour le reste, l’artiste demeurait fidèle à son ton habituel : une satire assumée, jamais tiède, parfois rugueuse, mais toujours nourrie d’un sens aigu de l’observation. À l’époque, dans ce même échange, il avait évoqué sans détour l’esprit général de son spectacle :
« J’avoue, le spectacle n’est pas très wokiste, ni très féministe ni vegan… Je présente un menu vegan au début mais ça ne dure pas. Le wokisme, c’est une espèce de tendance faite avec de la bien-pensance et du politiquement dit ‘correct’. Je pars du principe que ne pas s’en moquer, ce serait les marginaliser et apparemment, c’est ce qu’ils ne veulent pas, donc j’ai le droit de m’en moquer. Sous prétexte d’égalité, on nivelle aussi et parfois, on le fait par le bas… J’aime cette phrase qui dit : ‘Je suis passéiste mais quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres’. C’est vrai. »
Aujourd’hui, le spectacle a évidemment remporté un franc succès, et la décision de Laurent Gerra demeure l’un des gestes les plus élégants de sa carrière. Il ne reste qu’à espérer que la santé de Céline Dion continue de s’améliorer et qu’elle puisse retrouver, un jour, la scène qui a fait d’elle une légende.
