Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Quarante ans après la disparition de Coluche, l’ombre de son accident mortel continue d’alimenter rumeurs, interrogations et fantasmes. L’humoriste a laissé derrière lui une empreinte indélébile, mais aussi légué un mystère que certains refusent de voir comme un simple fait divers. Alors que les théories complotistes persistent encore aujourd’hui, son fils Marius Colucci a tenu, lui, à livrer son avis clair et net.
Figure incontournable de l’humour et de l’engagement citoyen, Coluche a marqué son époque par sa liberté de ton et son insolence assumée. Le 19 juin 1986, sa mort en pleine ligne droite, percuté par un camion qui se serait déporté, a immédiatement suscité une onde de choc. Pour beaucoup, et encore aujourd’hui, le créateur des Restos du Cœur ne pouvait pas disparaître dans un accident aussi brutal et apparemment anodin.
Les rumeurs d’assassinat politique, les livres publiés à ce sujet, les témoignages contradictoires et les interprétations diverses ont depuis nourri une mythologie tenace. Parmi les voix qui ont entretenu ces doutes, celle de Didier Lavergne, l’un des amis présents à moto le jour du drame, a souvent été citée. Interrogé au fil des années sur ce qu’il a vu ce jour-là, Laverne a livré un récit troublant, largement relayé depuis. Il s’était exprimé ainsi :
« Il (le camion, ndlr) roulait vers nous, ça j’en suis sûr. Parce que ça aussi, il aurait été arrêté, et puis il aurait tourné et fait la manoeuvre quand on est arrivés, bon, peut-être que je me serais posé moins de questions. Mais là, c’était comme s’il avait fait exprès, pour nous foutre en l’air, tu vois. »
Ce témoignage, souvent interprété comme un appui aux thèses complotistes, a contribué à maintenir le doute auprès d’une partie du public. Pourtant, du côté de la famille, la volonté de mettre fin à ces spéculations n’a jamais faibli. Marius Colucci, devenu comédien comme son frère mais toujours attentif à la mémoire de son père, avait pris la parole en 2020 sur RTL pour rétablir ce qu’il considère comme la vérité.
Sur l’antenne de la station, le fils du comique avait expliqué sa position avec fermeté :
« C’est un peu la même chose que pour Elvis Presley, Hitler ou Lady Di : les gens ne peuvent pas admettre qu’un type aussi extraordinaire (que mon père, ndlr) puisse avoir une mort ‘banale’ et donc le fantasme prend le pas sur la raison et ils se mettent à penser tout et n’importe quoi. »
Quarante ans après les faits, la fracture reste nette entre ceux qui voient dans l’accident une suite de circonstances tragiques et ceux qui refusent d’y croire, convaincus qu’un homme aussi dérangeant que Coluche ne pouvait disparaître sans que quelqu’un y ait intérêt. Mais les mots de Marius Colucci rappellent une évidence simple : parfois, le réel est moins romanesque que les histoires que l’on fabrique autour des mythes.
