Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Actrice reconnue depuis plus de trois décennies, Valérie Lemercier s’est forgé une carrière dense, variée, et marquée par une liberté artistique rare. Avec une filmographie où se mêlent comédies populaires, drames sensibles et réalisations personnelles, elle a aussi appris à poser des limites très claires. Parmi elles, une surprenante clause intégrée dans chacun de ses contrats. Et celle-ci en dit long sur son rapport à la scène…
Figure incontournable du cinéma français, Valérie Lemercier a toujours revendiqué le droit de contrôler son image, qu’elle joue dans une comédie à succès ou dans un film plus intimiste. Après « Coup de chance » de Woody Allen, elle a notamment porté le film L’arche de Noé en 2023, un projet sensible consacré aux jeunes LGBT+ rejetés par leurs familles.
Un rôle inattendu, dans lequel l’interprète de Béatrice de Montmirail a rappelé une nouvelle fois qu’elle n’a jamais souhaité se dénuder à l’écran. Interrogée sur cette question lors de la promotion du long-métrage, elle expliquait ainsi. Elle le racontait dans son style caractéristique :
« Ah non, ça j’évite. C’est écrit dans mes contrats d’actrice : je joue mais sans poils, sans gémissements… Et sans polaire, ce n’est pas possible la polaire. »
Pourtant, Valérie Lemercier n’a pas toujours esquivé totalement la nudité. Dix ans plus tôt, elle avait tourné sa seule scène de nu intégral dans « Main dans la main », un choix exceptionnel qu’elle avait analysé avec sérieux dans les colonnes de Madame Figaro :
« Si l’on ne me pose qu’une seule question à propos de “Main dans la main”, c’est toujours la même : “Qu’est-ce que cela fait de se dénuder ?” C’est la scène du film qui me plaît le plus, car elle est juste et elle me parle. »
À un moment, Hélène, mon personnage, entame sa mue, elle fait tomber ses vêtements et se débarrasse métaphoriquement de son statut social. Cela me ressemble, car il m’est arrivé de tout perdre : lorsque mon appartement a brûlé, je n’avais plus rien et, paradoxalement, jamais je ne m’étais sentie aussi libre, moi qui suis pourtant matérialiste. »
Elle y détaillait aussi son inconfort face à certaines scènes d’intimité, rappelant la fameuse clause qu’elle impose :
« Être filmée nue, de dos de surcroît, est infiniment moins embarrassant que d’embrasser un acteur ou de simuler un acte d’amour dans un lit. Je ne le fais quasiment jamais et je ne veux pas le faire. C’est ce que j’appelle la clause “sans poils et sans gémissements” de mes contrats. »
Et pour compléter ce portrait d’une actrice aux rituels assumés, Valérie Lemercier confiait également à « Télé Star » deux demandes simples mais non négociables sur chaque tournage :
« Un œuf dur le matin, ça m’évite de me goinfrer de croissants sur le plateau. Et une loge pour ma sieste du midi. »
Avec constance, Valérie Lemercier a donc façonné ses règles, ses limites et ses conditions. Une manière d’affirmer qu’une grande carrière peut parfaitement se construire sans se plier aux injonctions habituelles, et encore moins à celles de la nudité non désirée.
