Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
À 66 ans, Vincent Lagaf continue d’entretenir une présence régulière à l’écran, notamment grâce à au retour triomphant du Bigdil, désormais diffusé sur RMC Story. Pourtant, derrière cette activité soutenue, l’ancien roi des jeux télévisés maintient une certaine amertume concernant sa retraite. En cause : un montant qu’il juge bien trop faible par rapport à ce qu’il a donné à l’Etat.
Figure emblématique du paysage audiovisuel français dans les années 1990 et 2000, Vincent Lagaf a longtemps été l’un des animateurs les mieux payés de la télévision. Le Juste Prix, L’Or à l’appel ou encore Le Bigdil l’ont propulsé au sommet, lui permettant de toucher des cachets colossaux et de profiter d’un train de vie à la hauteur de son succès.
Dans le documentaire Télé, ton univers impitoyable, diffusé sur C8 il y a un peu plus d’un an, l’animateur racontait sans détour cette ascension fulgurante et les excès qui l’ont accompagnée. Il s’était notamment livré avec franchise sur la démesure qui s’était emparée de lui à l’époque :
« Je n’ai pas gagné d’argent jusqu’à l’âge de 30 ans, et puis à 30 ans j’ai pris le loto dans l’ordre d’un coup. Chaque jour, tu vois le cachet que tu prends, j’ai pété les plombs quoi. Je suis devenu une tête de con. Tu rentres chez Jaguar, tu dis : “Je voudrais cette Jaguar”, et quand le vendeur t’explique qu’il y a six mois d’attente, tu lui réponds : “Je te rajoute 20%, je pars avec.
Tu gagnes de l’argent, les gens t’aiment, t’as du succès, tu as besoin de parler à la direction de TF1, tu as directement la ligne. Après, quand ça s’arrête, tu as la secrétaire de la secrétaire de la secrétaire et tu n’arrives jamais à avoir le numéro de téléphone de la direction. Mais quand ça cartonne, tu deviens le roi. La notoriété t’ouvre toutes les portes, l’argent que tu gagnes te permet de t’offrir ce que tu as envie de t’offrir. »
Aujourd’hui, le sexagénaire se montre lucide sur les dérives de cette époque. D’autant plus que dans le cadre de son retour récent dans Le Bigdil sur RMC Story, il assure gagner « sept fois moins » que sur TF1, où il touchait… autour de 10.000 euros par émission ! Un contraste saisissant.
En plus de son salaire, Lagaf perçoit une indemnité de retraite, mais celle-ci ne le satisfait pas vraiment… voire pas du tout. Au moment d’aborder la question dans ce même documentaire, l’ancien trublion du PAF avait marqué sa désapprobation vis-à-vis du montant :
« J’ai pu le faire, je n’ai fait de mal à personne, je payais quand même mes impôts. J’ai payé des impôts. Et d’ailleurs quand je touche ma retraite, je me dis : ‘Vous êtes sûrs que j’ai payé tout ça d’impôts ?’ Parce que là je suis à 1.700 balles de retraite. Moi, Vincent Lagaf, avec ce que j’ai payé comme impôts, j’ai 1.700 euros de retraite par mois. »
Une somme qu’il juge totalement en décalage avec ses années de contribution et les fortunes qu’il a jadis déclarées. Une frustration d’autant plus vive qu’il reste actif, animé par la nécessité de continuer à travailler, même s’il sent que la fin de carrière approche. À Sud Radio, il évoquait d’ailleurs ce constat avec franchise :
« J’ai bientôt 67 ans, il y a bien un moment où il va falloir que je raccroche les gants… Je me regarde dans le miroir le matin et je me dis : “Mais dans quel état tu es ? Avec tout ce que tu as fait, arrête un peu. Calme le jeu !” »
Si 1.700 euros mensuels suffisent évidemment à vivre, l’ancien animateur star peine à digérer l’écart entre ses contributions et ce qu’il perçoit aujourd’hui. Une désillusion amère pour celui qui, après avoir goûté aux sommets de la télévision, doit désormais composer avec une réalité bien moins dorée que son passé de l’époque dorée.
