Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure centrale du concours Miss France pendant près de vingt ans, Sylvie Tellier s’exprime aujourd’hui avec une liberté nouvelle depuis son départ de la direction générale en 2022. L’ancienne reine de beauté, rompue aux sujets sensibles, n’hésite plus à dire ce qu’elle pense de certaines habitudes bien françaises. Et ses déclarations au Parisien il y a quelques temps en sont une illustration parfaite.
En tant que Miss puis comme dirigeante, Sylvie Tellier aura durablement marqué l’institution. Restée dix-sept ans aux commandes, la Nantaise a façonné le concours et traversé plusieurs tempêtes médiatiques, tout en entretenant un rapport parfois conflictuel avec Geneviève de Fontenay. Désormais tournée vers d’autres projets, la mère de trois enfants revendique un discours beaucoup plus direct. Interrogée par Le Parisien un an en arrière, elle a ainsi défendu sans détour son rapport à l’argent, un thème souvent « touchy » en France :
« C’est mon côté américain ! Dire que j’ai envie de réussir et de gagner de l’argent, je trouve ça tellement bien. Je dis à mes enfants, n’ayez pas honte de faire de l’argent. Ça ne se dit pas faire de l’argent, mais on dit qu’on va faire de l’essence. En France, réussir veut dire écraser les autres. Je n’ai pas ce côté aigri de se dire qu’une autre y arrive et pas moi. »
Si elle revendique aujourd’hui ce franc-parler, c’est aussi parce qu’elle estime que le rapport français au succès reste chargé de gêne, voire de suspicion. L’ancienne dirigeante observe depuis longtemps la manière dont les élites économiques se cachent pour ne pas susciter de critiques, une tendance qui la fait bondir :
« Regardez tous ces patrons qui ont des Porsche cachées dans leur garage et qui vont travailler en Renault Mégane. C’est quoi, le problème ? Parce que je viens d’un milieu modeste, je trouve ça bien de réussir, ça permet de gâter les gens. Souvent ma mère ne veut pas se laisser inviter, elle dit que ce n’est pas l’ordre des choses. Mais si. »
Débarrassée du poids institutionnel de ses anciennes fonctions, Sylvie Tellier en profite aussi pour revenir avec distance sur les vagues qui ont secoué Miss France. Elle n’a ainsi pas éludé la brouille médiatisée avec Alexia Laroche-Joubert, devenue présidente de la société de production du concours, mais a tenu à rétablir quelques vérités. Dans cet entretien, elle se souvenait de leur échange au moment de l’arrivée de la productrice :
« On déjeune encore ensemble. Je l’apprécie. En revanche, quand elle a été nommée présidente, j’ai été la première à lui dire : “Il va peut-être falloir que je m’en aille, parce que le siège il va être petit pour nous deux, deux femmes de caractère”. Non, ce qui m’a fait du mal, c’est qu’on dise que je sois virée. C’est moi qui ai décidé de partir. J’ai fait le tour de Miss France, mais pour le buzz, il fallait encore que je m’entretue avec quelqu’un… »
À travers ces prises de position franches, Sylvie Tellier assume plus que jamais sa vision décomplexée de la réussite. Loin des codes et de la pudeur sociale qui persistent dans l’Hexagone, elle invite les Français à s’autoriser l’ambition, la fierté et l’abondance. Une manière d’encourager à revoir un rapport culturel parfois figé, et qui trouve déjà un certain écho auprès de ceux qui partagent son constat.
