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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
De par son charisme, Johnny Hallyday a toujours été perçu comme un artiste inébranlable, sûr de sa force et de son statut. Pourtant, derrière l’image du rockeur tout-puissant, certaines confidences dévoilent une facette plus étonnante : celle d’un homme capable de jalousie au début de sa carrière, notamment envers une autre star française – et non des moindres…
Figure immense de la musique hexagonale, Johnny Hallyday n’a jamais cessé de susciter fascination et débats, mais son rapport aux autres artistes reste parfois méconnu. C’est un chanteur tout aussi respecté, Hugues Aufray, qui raconte aujourd’hui avoir entretenu avec lui une relation singulière, faite d’admiration mutuelle, mais aussi de rivalité. Selon lui, le rockeur, pourtant idole des jeunes et superstar incontestée dès les années 1960, aurait nourri à son égard un étonnant sentiment de jalousie.
À cette époque, l’ambiance yé-yé donnait l’impression d’une fraternité totale entre les jeunes artistes qui explosaient tous en même temps. Mais les tensions et les compétitions existaient bel et bien, comme en témoignent les mésententes documentées entre Johnny et Claude François. La rivalité entre Hallyday et Hugues Aufray, elle, l’est beaucoup moins. C’est pourtant ce dernier, invité il y a quelque temps sur Melody TV, qui a dévoilé les dessous de leur première rencontre à Juan-les-Pins en 1960 :
« Pendant sa répétition, il avait cassé une corde de guitare, j’avais filé dans ma chambre pour lui en donner une. Cela avait scellé le début d’une amitié, pas facile, parce que Johnny était très jaloux de moi. C’est invraisemblable, mais c’est comme ça. »
Cette relation complexe s’est aussi construite sur un choc de générations. Hugues Aufray, plus âgé d’une quinzaine d’années que Johnny et ses amis de la bande de Salut les copains, ne partageait pas leurs habitudes ni leur manière de vivre la célébrité. Il l’a résumé d’une manière très directe lors de cette même interview :
« Ils fumaient beaucoup alors que je ne fumais pas, c’était déjà la génération qui avait commencé à picoler un peu quoi ! Et jeune. Sans parler aussi des drogues par la suite. »
L’écart s’est accentué lorsque le guitariste et conteur folk a constaté qu’il ne pouvait pas suivre le rythme effréné du rockeur :
« J’étais son copain mais je n’étais pas un copain comme les autres. Il fallait le suivre ! Je ne pouvais pas le suivre dans l’alcool, dans le vin, dans le whisky, dans la drogue… »
Une différence cruciale, puisque Hugues Aufray, soucieux de préserver sa santé, s’est toujours imposé une hygiène de vie stricte. Il le disait d’ailleurs il y a quelques années, lorsqu’il évoquait la clef de sa longévité :
« Je roule avec prudence, et il faut avoir une vie saine, éviter l’alcool et le tabac. Ce sont les deux choses les plus dangereuses pour la santé. Il y a longtemps que je ne fume plus, et je ne bois pas. »
Finalement, la relation entre Hugues Aufray et Johnny Hallyday restera celle de deux artistes que tout rapprochait musicalement mais que beaucoup opposait dans la vie. L’un, adepte d’une existence rangée, l’autre, happé par les excès et les tourments. Que Johnny ait pu envier Aufray surprendra certains admirateurs, mais ces confidences montrent combien le « Taulier », derrière les projecteurs, demeurait un homme traversé de sentiments très humains.
