Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Les discussions autour de l’avenir de Giannis Antetokounmpo ont brutalement redonné vie au marché NBA, ravivant des scénarios longtemps jugés improbables. Au milieu des spéculations, une question revient avec insistance : certaines organisations ambitieuses doivent-elles tenter le coup, même si le prix paraît vertigineux ? San Antonio, porté par la montée en puissance de Victor Wembanyama, se retrouve malgré lui au cœur du débat.
L’information révélée ces dernières heures assure que le double MVP et son agent ont entamé des échanges directs avec Milwaukee concernant son avenir. De quoi alimenter immédiatement les projections sur d’éventuelles destinations alternatives. Parmi elles, les Spurs apparaissent comme une option théorique séduisante, tant l’idée d’un duo Wembanyama–Antetokounmpo fait rêver sur le papier. Pourtant, dans l’écosystème texan, la prudence domine largement.
Le journaliste Matt Guzman a résumé ce sentiment, avant que ses propos ne se répandent comme une traînée de poudre : « Je reste convaincu que San Antonio ne devrait pas – et ne voudrait probablement pas – sacrifier l’avenir qu’il construit méticuleusement depuis l’arrivée de Victor Wembanyama. Ajouter Giannis serait un énorme apport de talent, mais un duo de lui et Wembanyama coûterait la lune. Pas de profondeur = pas de victoires. »
San Antonio doit-il casser son projet pour Giannis ?
L’idée d’une superstar supplémentaire autour de Wembanyama peut sembler tentante, mais elle impliquerait de céder une quantité astronomique d’actifs : plusieurs jeunes, un paquet de choix de draft, et une flexibilité salariale réduite pendant des années. Le front office de San Antonio, réputé pour sa patience et son refus des décisions précipitées, a construit son modèle sur la continuité, l’équilibre et le développement interne. Un échange pour Antetokounmpo bouleverserait radicalement cette vision.
Il faut aussi rappeler que la force du projet Spurs repose aujourd’hui sur la profondeur, la complémentarité et la possibilité d’entourer progressivement Wembanyama d’un effectif large, mobile et cohérent. Réduire cette base pour former un duo certes spectaculaire, mais isolé, reviendrait à s’exposer aux mêmes pièges qui ont ralenti d’autres organisations trop dépendantes de deux stars. San Antonio, encore en pleine construction, n’a pas la maturité collective nécessaire pour absorber une telle révolution sans impact.
Le vrai enjeu pour San Antonio reste de capitaliser sur la progression continue de Wembanyama et du groupe qui l’entoure, sans brûler les étapes. La franchise possède du temps, des ressources, de la flexibilité et un projet solide qui ne nécessite pas forcément un bouleversement majeur pour rester compétitif à long terme.
Si l’avenir de Giannis continue d’alimenter les discussions et que son nom circule parmi les destinations possibles, les Spurs, eux, doivent mesurer leur intérêt avec lucidité. Le potentiel d’une association avec Wembanyama est immense, mais le coût pourrait détruire ce qui fait aujourd’hui la richesse de la franchise.
