Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
À l’heure où il sillonne les scènes françaises avec son nouveau spectacle Cactus, Elie Semoun multiplie les confidences. Plus que jamais déterminé à aborder les travers de la société, l’humoriste de 62 ans évoque un petit malaise qui le frappe au quotidien. Un constat amer qu’il formulait déjà il y a deux ans, avec humour certes, mais qu’il n’a visiblement pas oublié !
Figure familière du rire français, Elie Semoun ne s’est jamais contenté de ses sketches. Entre ses rôles au cinéma, son documentaire Mon vieux consacré à son père et ses incursions dans la chanson, le Parisien a élargi son champ d’expression avec les années. Mais c’est sur scène que l’ancien complice de Dieudonné continue de toucher le cœur du public, notamment grâce à Cactus, un one-man show où il évoque frustrations, agacements et sujets de société.
Il y a quelques temps, dans l’émission « En aparté », l’acteur s’était livré sur un phénomène qui l’exaspère profondément : l’addiction généralisée aux écrans. Face à cette réalité devenue banale, l’humoriste avait laissé transparaître une forme de tristesse personnelle. Il expliquait alors :
« Je ne suis pas le seul à être accro. Quand je prends le métro, je vis quelque chose de très blessant, vexant pour un mec comme moi. C’est que personne ne me reconnaît parce que tout le monde est sur son téléphone portable. »
Comme lui, d’autres artistes ont déjà dénoncé ce qu’ils perçoivent comme un enfermement technologique. Florence Foresti, notamment, avait récemment fustigé la place démesurée que prennent les écrans dans le quotidien des Français. Mais Elie Semoun, lui, ne cache pas son découragement. Toujours dans En aparté, il confiait :
« Je suis désespéré de voir tous ces gens qui sont comme moi finalement, accros à leurs téléphones portables. C’est hallucinant. Je pourrais venir à poil dans le métro que personne ne me verrait ! »
Derrière l’autodérision habituelle du comédien se niche une inquiétude plus large : celle d’une société devenue individualiste, absorbée par ses écrans et moins ouverte aux interactions humaines. Une société qui, selon lui, ne laisse plus de place à la spontanéité, ni même au simple regard échangé dans les transports en commun.
Ce regard critique, Elie Semoun le porte avec la lucidité de ceux qui ont connu un monde dénué de technologie omniprésente. Nostalgique mais pas résigné, il mise encore sur son métier pour recréer du lien, ne serait-ce que le temps d’un spectacle. À défaut d’inverser une tendance installée, il espère au moins continuer à faire rire et réfléchir ceux qui accepteront de lever les yeux de leur écran.
