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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Au fil du temps, certaines rivalités de l’humour français ont semblé s’effacer. Pourtant, pour Didier Bourdon, la compétition entre les Inconnus et les Nuls n’a rien d’un vieux souvenir apaisé. Plus de trente ans après leur âge d’or respectif, l’acteur et réalisateur n’a jamais mâché ses mots lorsqu’il s’agit d’évaluer la valeur du groupe concurrent. Et ce qu’il en disait en 2019 reste l’un de ses tacles les plus virulents…
Figure incontournable du divertissement français, Didier Bourdon a toujours assumé son franc-parler, tout comme les membres des Nuls, emmenés par Alain Chabat et Dominique Farrugia. À la fin des années 1980, les deux trios faisaient rire la France entière, chacun dans un registre différent, chacun avec son univers. Une concurrence qui, malgré les discours policés des uns et des autres, a longtemps existé.
Et pour l’ancien Inconnu, certaines déclarations venues du camp adverse ont définitivement mis le feu aux poudres. Interrogé par Paris Match sur la fameuse question de la rivalité entre les deux groupes, l’homme de théâtre et de cinéma avait livré une réponse sans équivoque et sans ménagement. Il expliquait ainsi :
« Oui. Et je serais même un peu plus dur aujourd’hui, car Dominique Farrugia a eu des mots peu tendres envers nous récemment. Ce n’était pas très élégant de sa part de dire à la sortie des « Trois frères : le retour » que nous nous étions retrouvés pour payer nos impôts ».
Touché dans son orgueil de créateur, le comédien, réalisateur et scénariste ne s’était pas arrêté là. Allant plus loin dans sa comparaison entre les deux univers humoristiques, il avait enfoncé le clou en détaillant ce qui, selon lui, distinguait clairement les Inconnus des Nuls. Toujours dans Paris Match, il affirmait :
« Je crois qu’il n’y a pas photo entre Les Nuls et Les Inconnus. Nous, on a fait de la télé, du théâtre, du cinéma, on a eu des Victoires de la musique, un Molière, un César. Nous, nous écrivions nos sketchs. Ceux des Nuls, c’était beaucoup l’œuvre de Jean-Marie Bigard. Qui le souligne volontiers d’ailleurs : ‘Ils ne s’en vantent pas' ».
Bien décidé à pousser son raisonnement jusqu’au bout, l’acteur avait même mis à l’épreuve le journaliste qui l’interrogeait, lui demandant de citer un sketch véritablement marquant des Nuls. Lorsque ce dernier mentionna « Tonyglandil » ou une parodie de Jacques Martin avec Valérie Lemercier, Bourdon avait alors dégainé un argument supplémentaire, tout aussi brutal que les précédents. Toujours dans cet entretien, il lançait :
« Tonyglandil, c’est Bigard ! Jacques Martin, c’est de la parodie ! Alors que les sketchs des Inconnus, tout le monde s’en souvient. Ce n’est pas de notre faute si on est plus populaires qu’eux aujourd’hui… »
Un jugement acéré qui avait remis sur la table une rivalité jamais totalement éteinte, malgré les déclarations plus apaisantes de Pascal Légitimus ou d’Alain Chabat au fil des ans. Bourdon, lui, refuse encore de minimiser la compétition qui a marqué toute une génération d’humoristes et de téléspectateurs.
La sortie de Didier Bourdon, toujours aussi tranchante avec les années, rappelle à quel point la comparaison entre les Inconnus et les Nuls reste un sujet sensible. Un duel emblématique de l’humour français, dont les traces persistent encore dans les mémoires… et dans les mots.
