Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Quarante ans après sa disparition brutale sur une route du Sud en juin 1986, Coluche demeure entouré d’un voile de mystère. L’accident, les zones d’ombre, les récits contradictoires : tout a contribué à alimenter de nombreuses théories. Et alors que le chauffeur du camion impliqué vient de s’éteindre, une proche du comédien, Maryse Gildas, a choisi de livrer sa vérité.
Figure majeure de l’humour français, Michel Colucci, alias Coluche, a laissé derrière lui un héritage immense, mais aussi de multiples questions sur les circonstances de sa mort. Quatre décennies plus tard, Maryse Gildas, ancienne animatrice et amie du comédien, a accepté de revenir sur cet épisode tragique.
Invitée dans l’émission Chez Jordan sur C8, l’octogénaire y a offert un regard à la fois personnel et douloureux sur celui qu’elle a accompagné à plusieurs étapes de sa vie. Et pour commencer, elle a replongé dans leurs derniers instants partagés. C’est en évoquant ces moments que Maryse Gildas a livré ses souvenirs les plus poignants, introduits ainsi dans l’émission :
« La dernière fois que j’ai vu Coluche c’était en vacances. Il était parti en avril et il avait loué une maison à Opio pour terminer son spectacle. Il devait aller à Cannes et on l’a vu à Opio dans sa maison parce qu’on était là-bas. On est parti une semaine en vacances à l’île Maurice, lui a été invité avec toute son équipe dans une radio à l’île de la Réunion. C’était à côté, il est arrivé avec toute l’équipe et on a passé 4 jours avec lui jusqu’au 19 avril… il est mort le 19 juin. C’était tellement choquant, tellement injuste. »
À l’époque, plusieurs témoins s’étaient contredits sur la vitesse réelle à laquelle roulait l’acteur en deux-roues. Le chauffeur du poids lourd affirmait qu’il allait « très vite », une version immédiatement réfutée par un ami présent ce jour-là. À cela se sont ajoutés, au fil des années, des soupçons et fantasmes autour de possibles motivations politiques ou personnelles visant l’humoriste, dont l’influence ne cessait de croître.
Pourtant, après des décennies de rumeurs, l’ancienne complice du créateur des Restos du Cœur a tenu à mettre les choses au clair. Interrogée sur les théories complotistes, elle a répondu sans s’étendre davantage, dans la lignée de Marius Colucci :
« Je n’y crois pas. Selon moi c’est ça (l’accident, ndlr) et c’est pas autre chose. »
Si ses convictions sont fermes, Maryse Gildas choisit surtout de conserver le souvenir d’un homme engagé et profondément humain. Elle a notamment rappelé comment, quelques mois avant le drame, elle avait été témoin de la naissance des Restos du Cœur, une idée née en direct face aux interrogations des auditeurs. Présenté ainsi, son témoignage souligne l’importance de ce moment fondateur :
« Cela faisait déjà une quinzaine de jours que l’on parlait beaucoup de l’Éthiopie où l’on mourait de faim. Il y avait une mobilisation, notamment des artistes, pour venir en aide à ce pays d’Afrique. Et Michel (Colucci, ndlr) prenait des appels à l’antenne où les auditeurs disaient en substance que c’était bien beau de se mobiliser pour l’Éthiopie, mais que faisait-on pour ceux qui n’avaient pas de quoi manger en France ? »
Ce jour-là naissait effectivement l’une des plus grandes œuvres solidaires françaises, perpétuée encore aujourd’hui. Un héritage qui rappelle combien l’homme à la salopette a marqué son époque.
Près de quarante ans après la tragédie, Maryse Gildas reste profondément touchée par cette disparition soudaine. Son regard, à la fois lucide et empreint de tendresse, témoigne du vide immense laissé par Coluche, aussi bien dans sa vie que dans le cœur des Français. Sa parole, franche et sans artifice, rappelle que derrière les spéculations demeure avant tout la perte d’un ami et d’une figure inoubliable.
