Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Igor et Grichka Bogdanoff auront durablement marqué le paysage audiovisuel français, autant par leurs travaux que par leur allure singulière. Leur visage, longtemps au cœur de théories diverses, n’a cessé d’intriguer. Quatre ans après leur disparition, une explication précise refait surface. Et elle pourrait surprendre.
Figure incontournable de la vulgarisation scientifique à la télévision, le duo formé par Igor et Grichka Bogdanoff a imposé un style immédiatement reconnaissable. Les deux frères, longtemps enveloppés d’une aura énigmatique, ont suscité fascination et scepticisme, entre émissions cultes et polémiques récurrentes. Alors que les jumeaux, tous deux emportés par le Covid, ne sont plus là pour répondre, les interrogations autour de leur métamorphose physique persistent.
Avec les années, l’apparence des frères Bogdanoff avait pris une tournure spectaculaire : pommettes démesurées, menton saillant, traits figés. Pour beaucoup, la chirurgie esthétique était en cause, certains évoquant même des interventions extrêmes. Mais selon de nouvelles révélations, la réalité serait bien différente, et moins maîtrisée que ce que l’on imaginait.
C’est lors de son passage chez Jordan de Luxe, deux ans après la mort des jumeaux, que le chirurgien esthétique Jacques Ohana a accepté d’aborder sans détour leur mystérieuse transformation. Le spécialiste explique :
« J’ai eu le plaisir de les rencontrer à quelques reprises. Je les ai toujours trouvés amusants, plein d’humour, intelligents, complémentaires, avec un sens de l’autodérision… Je ne suis pas leur chirurgien dans le sens où je ne les ai pas opérés. Ils n’ont pas eu de chirurgie esthétique. Ils ont surtout eu des injections ! »
Ces injections, qui remontent à plusieurs décennies, n’avaient rien d’anodin. À une époque où certains produits étaient encore permis malgré leurs risques, les deux frères auraient été exposés à des substances aujourd’hui strictement bannies. Le praticien développe :
« Ce sont des injections de produits qui étaient pratiqués il y a une vingtaine, trentaine d’années, à base de silicone. »
Un matériau durable, définitif, mais à la réputation désastreuse. C’est précisément là que tout aurait dérapé, comme le précise le chirurgien :
« Évidemment rigoureusement interdit depuis de nombreuses années parce que ce produit, qui est durable et définitif, a l’inconvénient d’évoluer par poussées inflammatoires et les poussées inflammatoires sont déformantes… C’est ce qui explique cette évolution excessive au niveau des pommettes et du menton. »
De manière étonnante, les excellents conteurs qu’étaient les chercheurs-médiatiques ont finalement transformé ce handicap en force. Selon le spécialiste, cette vision presque artistique de leur corps n’était pas anodine :
« Leur rapport au corps était intéressant. Dans le sens où quelque part bien sûr ils n’ont pas cherché cette déformation, mais une fois qu’ils avaient cette déformation, ils l’ont utilisée comme une image. Une image évidemment pas positive, mais c’est le produit qui est de mauvaise qualité… »
Ainsi, loin d’un choix esthétique volontaire ou d’une opération invasive, l’apparence si particulière des frères Bogdanoff serait le résultat d’injections anciennes aux effets incontrôlables. Une vérité tardive, mais révélatrice : même dans l’adversité, Igor et Grichka auront su transformer leur singularité en marque de fabrique, consolidant malgré eux une légende déjà bien installée.
