Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Réputé pour son flegme et sa rigueur musicale, Eddy Mitchell a longtemps cultivé l’image d’un rocker plutôt sage, bien loin des excès qui collent à la peau de certains artistes de sa génération. Pourtant, derrière le costume impeccable et la voix grave, le chanteur a traversé des périodes nettement plus troubles qu’on ne l’imagine. Il l’a lui-même reconnu il y a quelques années, en révélant une anecdote liée à la drogue…
Figure incontournable de la chanson française, Eddy Mitchell n’a jamais caché son attrait passé pour l’alcool ou la cigarette. Mais contrairement à son ami de toujours Johnny Hallyday, dont les excès ont été abondamment relayés, l’interprète de « La dernière séance » n’a jamais été associé à la drogue dans l’imaginaire collectif. Pourtant, dans une interview accordée au Journal du Dimanche, il était revenu sans détour sur une tournée particulièrement éprouvante qu’il avait dû assumer dans les années 1970 :
« La coke, j’en ai pris quand je travaillais sous la contrainte, à l’instar de cette tournée Europe 1 en 1976 : 150 dates que j’avais acceptées pour les impôts. J’avais besoin d’un stimulant. J’ai fait toute la tournée sous coke, puis j’ai arrêté aussi sec ».
Cet aveu place certes l’ancien membre des Chaussettes Noires bien plus près du mode de vie de Johnny Hallyday qu’on ne l’aurait imaginé, même s’il était nettement moins auto-destructeur. Le Taulier, lui, a longtemps assumé une consommation beaucoup plus régulière et destructrice. Mitchell, lui, s’est arrêté après cette expérience brutale, qu’il a immédiatement laissée derrière lui dès que la pression fiscale et professionnelle s’est dissipée.
Aujourd’hui, à 83 ans, celui que les Français surnomment « Monsieur Eddy » sort d’une année difficile, marquée par de nombreux problèmes de santé. Une période de fragilité qui contraste avec la puissance qu’il dégageait sur scène, et qui rappelle combien ces révélations prennent un autre sens lorsqu’on les relit avec le recul du temps.
Dans une carrière jalonnée de succès, de fidélités et de pudeur, Eddy Mitchell aura finalement montré qu’il n’était pas seulement l’homme posé que l’on croyait connaître. Ces confidences, rares et franches, éclairent une part plus sombre de son parcours, mais renforcent aussi l’admiration pour celui qui a su se reprendre, se préserver et continuer à se tenir debout face aux épreuves.
