Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors que les Français subissent encore un climat économique tendu, la question du retour de l’inflation divise plus que jamais. Entre inquiétudes des industriels et discours rassurants de certains acteurs de la grande distribution, le débat s’enflamme à l’approche des négociations commerciales. Et Michel-Édouard Leclerc, voix incontournable du secteur, n’a pas hésité à livrer un avis tranché sur la situation – quitte à ne pas faire consensus.
Figure centrale de la grande distribution française, Michel-Édouard Leclerc intervient régulièrement dans le débat public dès que le pouvoir d’achat se retrouve bousculé. Et alors que plusieurs dirigeants d’industrie affirment que l’inflation pourrait perdurer, le patron de l’enseigne E.Leclerc choisit une position à contre-courant.
Selon lui, la période actuelle reflète surtout l’intensité des négociations annuelles, ces discussions où chaque lobby défend son camp avec vigueur, parfois en dramatisant ses coûts pour justifier les hausses. Dans un entretien accordé récemment au JDD, il expliquait ainsi sans détour :
« Je ne crois pas que l’inflation revienne. Cette petite musique circule parce que l’on entre dans les grandes négociations commerciales annuelles : c’est la saison où tous les lobbies corporatistes détaillent, souvent au-delà du réel, la hausse de leurs coûts sur quasiment toutes les lignes du compte d’exploitation pour justifier des demandes de hausses tarifaires. Mais il ne faut pas prendre ce discours pour argent comptant »
Un point de vue loin de faire consensus. Plusieurs leaders industriels, dont celui d’Intermarché, assurent en effet que la hausse des prix ne faiblira pas, citant des coûts structurels encore en tension. À l’inverse, le responsable breton persiste et défend l’idée que le pic est désormais derrière nous, et que la tendance pourrait même s’inverser.
Interrogé plus en détail sur cette perspective, il maintient la même ligne et détaille sa vision :
« Au contraire, je pense que nous entrons dans une période de légère déflation après la vague d’inflation que nous avons vécue, entre 22 et 25 % en deux ans et demi ».
Reste désormais à savoir si les prévisions du patron de la grande distribution se confirmeront au fil des prochains mois. Dans un contexte où le budget des ménages demeure sous pression, nombreux sont ceux qui espèrent que son optimisme se traduira enfin dans les étiquettes.
