Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
À l’approche de ses 97 ans, qu’il fêtera l’an prochain, Philippe Bouvard continue d’observer le temps qui passe avec lucidité. Le journaliste, dont la longévité médiatique force le respect, ne cache plus les difficultés physiques qui l’accompagnent désormais au quotidien… Mais derrière les handicaps s’exprime un esprit resté vif, presque malicieux. Et l’intéressé l’a encore prouvé.
Figure incontournable de la radio française, Philippe Bouvard a traversé plus de sept décennies d’antenne sans jamais perdre son œil aiguisé sur le monde. Mais aujourd’hui, ce n’est plus la verve qui lui fait défaut : c’est le corps qui lâche. L’ancien présentateur des « Grosses Têtes « a déjà évoqué plusieurs fois publiquement plusieurs problèmes de santé, notamment une vue très abîmée et une surdité qui progresse.
Des épreuves qu’il décrit avec un mélange de fatalisme et d’humour noir, fidèle à ce qui a toujours fait son style. Il y a quelques mois, il révélait ainsi la manière brutale dont sa vue s’est effondrée, comme il le racontait lors d’une interview où il revenait sur un épisode marquant :
« J’étais un jour au casino de Monaco, et subitement, tout est devenu noir. Je suis allé voir le médecin oculiste et différents opticiens. Ils m’ont dit que ça allait s’arranger. Ça fait cinq ans et ça n’a jamais repris. Alors évidemment, c’est un gros problème. Je vais comme on peut aller quand on vient d’accéder à sa 96ᵉ année d’âge. C’est beaucoup. Ça ne va pas sans quelques problèmes et ce ne sont pas des problèmes qu’on peut croire résolus »
La vue n’est en effet pas le seul mal contre lequel lutte aujourd’hui le doyen du paysage audiovisuel. Dans un entretien accordé à TV5 Monde, il a dressé un constat encore plus frontal sur ce que représente pour lui l’avancée en âge :
« (J’ai eu) 96 ans, ce n’est pas une réussite, à moins qu’on ait envie de toucher la retraite des très vieux, à moins qu’on ait envie d’avoir toujours une place dans les transports en commun ! C’est plutôt une série de handicaps qu’autre chose mais il faut l’accepter… Dans la mesure où presque tous les gens qui vivent dans ce pays, même dans d’autres, font de la mort un échec et de la vie une réussite, et bien ça passe par la vieillesse ! »
Malgré la cécité partielle, malgré la surdité, ceux qui le côtoient régulièrement assurent que le cerveau, lui, n’a rien perdu de son esprit et de sa brillance intellectuelle. Le journaliste Cyril Viguier l’expliquait récemment auprès de Télé Star, confirmant que derrière l’affaiblissement du corps, l’homme reste d’une étonnante présence :
« C’est vrai qu’il a des problèmes de cécité et de surdité, mais l’esprit est là et les coups de griffe aussi. Bien sûr qu’il est conscient d’être au bout du chemin, mais il a une telle politesse de l’esprit et du cœur qu’il ne le montre pas. »
À l’heure où ses apparitions publiques deviennent impossibles, Philippe Bouvard continue pourtant de savourer le temps qui lui reste avec une dignité admirable. Il observe la vieillesse sans fard, mais avec courage, lucidité et une élégance rare face au dernier voyage duquel il s’approche. Une manière de rappeler que même quand le corps se dérobe, l’esprit, lui, peut encore tenir bon.
