Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Actrice bien connue du public français, Anny Duperey s’est souvent illustrée par sa franchise dans ses interviews. Elle l’avait notamment prouvé en égratignant Gérard Depardieu, mais aussi en évoquant sans détour ses débuts compliqués avec Jean-Paul Belmondo. Même si, dans ce cas précis, un happy ending fut au rendez-vous…
Anny Duperey dit ce qu’elle pense, et elle ne s’en cache pas. Chacun avait pu le mesurer lorsqu’elle avait vivement critiqué Gérard Depardieu dans un entretien accordé à Ciné Télé Revue il y a quelques années. L’actrice était alors revenue sur une époque où s’attaquer au comédien relevait quasi du sacrilège (ce que Sophie Marceau ne contredira pas). Et il y était allée cash :
« Depardieu est complètement taré. Maintenant, ça ne vaut pas le coup qu’on en parle pendant des heures… Quand j’ai joué une pièce de Bertrand Blier, j’avais réagi sur des propos de Depardieu, je ne sais plus lesquels, en disant : ‘Depardieu devrait fermer sa grande gueule !’ Il était encore déifié à l’époque. Qu’est-ce que j’avais osé dire ! J’avais attaqué notre dieu du cinéma. ‘Mais pourquoi vous le haïssez ?’ Blier, qui le connaît bien, avait déclaré : ‘Anny dit ce qu’on pense tous, y compris ses meilleurs amis’. »
Quelques années plus tard, c’est dans Télé Star qu’Anny Duperey avait dressé un portrait bien plus nuancé, mais tout aussi rugueux au premier abord, de Jean-Paul Belmondo :
« Je dois avouer que le courant n’est pas passé entre nous. Cela malgré ce que m’avait laissé entendre son ami, le maquilleur Charly Koubesserian, que je connaissais bien, et qui fut catastrophé du climat entre nous ! Jean-Paul était dans son époque ‘gonflette’.
Il avait quand même un rapport un peu misogyne avec les femmes, ce qui n’était pas ma tasse de thé. Il vivait alors avec une Italienne pulpeuse qui posait carrément ses seins sur la table (Laura Antonelli, ndlr). Bref, disons qu’il aimait bien les femmes ‘coussins’, pour ne pas dire autre chose. Or, moi, j’étais une fille très libre, pas du tout ‘poupée soumise’. Pour tout dire, je devais être le type de femme qui lui faisait peur. Il était macho, brut, mais pas méchant. »
Pourtant, malgré ces débuts heurtés, les deux figures du cinéma finiront par se retrouver, comme l’avait raconté Anny Duperey. Le temps, la maturité et la vie auront finalement apaisé les tensions, jusqu’à laisser place à une véritable amitié qui réchauffe le coeur. Elle confiait ainsi :
« Je suis allée le voir bien des années plus tard au théâtre et lui ai dit à quel point nous avions été cons sur Stavisky. Eh bien, à partir de ce jour-là, il est venu me voir à chaque fois que je jouais sur scène. Nous mangions souvent ensemble. Une grande amitié est née entre nous, qui ne s’est jamais démentie jusqu’à sa mort. On avait enfin passé l’âge de la séduction et des enfantillages ! Il m’a dit : ‘Eh oui, qu’est-ce que tu veux, la maladie m’a rendu gentil’. C’est extraordinaire. »
Ces confidences, parfois dures mais toujours sincères, témoignent de la manière dont les relations professionnelles peuvent évoluer avec le temps. Entre tensions, incompréhensions et réconciliations, Anny Duperey reste surtout très attachée à Jean-Paul Belmondo, et à ce qu’il a représenté pour elle.
