Le recadrage sec de Jacques Dutronc après les propos de Jean-Jacques Goldman : « Il m’a traité de…

Jacques Dutronc et Jean-Jacques Goldman
TF1 (DR) / France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

À eux deux, ils ont façonné une partie du paysage musical français. Jacques Dutronc et Jean-Jacques Goldman, figures majeures de la chanson, auraient pu former un tandem aussi inattendu que prometteur. Mais leur unique tentative de collaboration a viré au fiasco, laissant derrière elle un goût amer pour l’interprète de J’aime les filles. Et l’octogénaire semble n’avoir jamais vraiment digéré une remarque du compositeur !

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Figure incontournable de la musique française, Jacques Dutronc a toujours mené sa carrière à sa manière. Talentueux, charismatique et élégant, le désormais octogénaire n’est toutefois pas réputé comme étant un bourreau de travail. Un problème ? Pas du tout, pour lui en tout cas, qui ne s’en est jamais caché.

C’est ainsi que dans une interview accordée au JDD il y a quelques années, la « Vieille Canaille » avait balayé d’un revers de main ces accusations :

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« Il paraît, en effet, que je suis paresseux, et tant mieux. »

Seulement voilà, tout le monde ne partage pas ce constat. D’ailleurs, l’interprète de « Il est cinq heures, Paris s’éveille » a rappelé la seule et unique fois où il avait demandé son aide à un certain Jean-Jacques Goldman. Une collaboration avortée, rapidement crispée par une divergence de vision et une réflexion que Dutronc n’a visiblement pas oubliée :

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« Il y a un art de ne rien faire… et de ne faire rien aussi ! Le dernier qui m’a traité de paresseux, c’est Jean-Jacques Goldman. Ce devait être en 1990 ou 1992. Il m’avait fait tout un dossier de fort belles chansons, c’était très bien réalisé. Mais je n’avais pas envie de faire les choses comme ça. Je voulais être en dehors du… oui, en dehors, un peu. »

Ensuite, j’ai fait le Casino de Paris. Et il m’a dit « Mais tu es paresseux, travaille ! » »

Deux manières d’aborder la création, deux univers presque opposés : le perfectionnisme millimétré de Goldman face à l’instinct brut et bohème de Dutronc. Pour ce dernier, l’idée même de “fabriquer” une chanson à la demande est inconcevable, ce qui rendait inévitable l’échec du projet :

« Pour moi, le travail associé avec la chanson, c’est fabriqué. Fabriqué ! Fais-moi une chanson d’amour. On retrouve la même chose au cinéma : on vous engage pour ce que vous êtes et une fois que vous avez accepté le rôle, on vous transforme. Une chanson fabriquée n’est pas possible pour moi. »

Déterminé à se démarquer d’un système trop codifié à son goût, Jacques Dutronc a poursuivi son explication en refusant l’idée que sa carrière puisse être compartimentée comme une machine industrielle :

« Je n’ai pas de commode avec des tiroirs dans lesquels sont logées des chansons d’amour, des chansons ceci, des chansons cela… Je n’ai jamais fabriqué de chansons en pensant au public. Sauf deux, mais elles ne sont jamais sorties. »

Si l’on peut aisément imaginer les pépites que Jean-Jacques Goldman avait préparées pour lui, il est clair que Jacques Dutronc n’était pas prêt à entrer dans un moule, même doré. Cette rencontre manquée appartient désormais à l’histoire, un de ces “et si… ?” que la chanson française ne cessera jamais de collectionner.

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