Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Dans la longue histoire de Johnny Hallyday, certains épisodes sont restés cachés pendant des décennies. Celui qui refait surface aujourd’hui en fait partie : une nuit où le rockeur a failli basculer pour de bon. À l’été 1977, une bagarre dégénère à Saint-Tropez et manque de lui coûter la prison. Il faudra alors une négociation discrète – et très coûteuse – pour éviter le pire. Une affaire longtemps tue, qui révèle un Johnny en proie à ses pires excès…
Figure majeure de la musique française, Johnny Hallyday a longtemps vécu excessivement, notamment dans les années 1970, au rythme des triomphes, des nuits fiévreuses et d’un entourage souvent turbulent. Ce soir-là, en août 1977, il débarque aux Caves du Roy avec sa garde rapprochée et son ami Michel Sardou.
Très vite, il exige que l’un de ses ennemis personnels, un certain « Coin-Coin », avec qui il avait un contentieux passé, quitte l’établissement. La patronne s’exécute, et la soirée se poursuit sans encombre. À 4 heures du matin, direction un autre bar tropézien, le « Gorille. Johnny est très alcoolisé, peinant à tenir debout d’après certains témoignages. Il s’apprête à manger un steak quand soudainement, « Coin-Coin » surgit et frappe violemment le chanteur.
Dans ce chaos, un élément capital sera rapporté par Martin Griffon, policier présent par chance sur les lieux. Car Johnny, hors de lui, tente d’aller plus loin encore. « Coin-Coin » est à terre, déjà bien amoché. Furieux, Johnny prend une bouteille de ketchup en verre et la brise sur le bar, avant de se diriger vers son rival afin de lui sectionner la gorge. Martin Griffon intervient alors, donne un coup de pied dans l’avant-bras de Johnny et sort son flingue : « Police ! » Tout le monde se fige.
L’affaire, déjà explosive, s’emballe encore davantage. Les forces de l’ordre arrivent en renfort, les protagonistes sont embarqués, et la hiérarchie policière remonte le fil à une vitesse fulgurante. Le préfet est prévenu, puis l’Élysée. Johnny passe une partie de la nuit en cellule tandis que « Coin-Coin », hospitalisé, envisage de porter plainte. Pour le rockeur, l’ombre de la prison devient réellement tangible, car le policier l’assure après-coup : c’est le chef d’inculpation de tentative de meurtre qui aurait pu être retenu.
Fort heureusement pour le « Taulier » Martin Griffon explique qu’on lui a alors ordonné d’étouffer l’affaire et de prendre contact avec les avocats de Johnny. Ceux-ci lui glissent qu’un accord financier pourrait tout régler. L’ex-interlocuteur de la BRB raconte alors que « Coin-Coin » finit par poser ses conditions, très clairement :
« 5 millions de francs. »
D’après ce témoignage, les deux camps s’entendent. La plainte ne sera jamais déposée, Hallyday signe un chèque de 5 millions de francs, et l’histoire restera enterrée pendant des années. À en croire le récit, une chose est pourtant certaine : si l’affaire avait suivi son cours normal, Johnny Hallyday aurait eu bien du mal à éviter une lourde condamnation, tant les faits et les témoins jouaient contre lui.
Cet épisode oublié rappelle à quel point la star vivait parfois dangereusement. Une nuit de trop, une violence de trop, et sa trajectoire aurait pu basculer à jamais. Grâce à un arrangement discret – et à un chèque colossal –, le rockeur a pu reprendre la route, laissant derrière lui une histoire que beaucoup ne découvriront que longtemps après coup…
