Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Quand une légende parle, le débat change de ton, surtout lorsqu’elle accepte de revoir ses certitudes. À San Antonio, le cas de Victor Wembanyama continue de grandement intriguer. Même Shaquille O’Neal est surpris, et a quelques conseils pour lui.
Shaquille O’Neal n’a jamais été tendre avec les pivots modernes. Longtemps, il a reproché aux grands d’aujourd’hui de s’éloigner de la peinture, de privilégier le tir extérieur au détriment de la domination physique. En septembre 2024, il pointait encore du doigt Wembanyama, estimant que son usage répété du tir en suspension ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait d’un intérieur réellement dominant.
Mais les certitudes ont vacillé après le premier match de la saison face à Dallas. En voyant Wembanyama poser d’énormes problèmes à Dereck Lively II, O’Neal a changé de discours. Le Français n’entrait plus dans une case familière, et c’est précisément ce qui a forcé le respect de l’ancien pivot des Lakers, désormais plus curieux qu’accusateur.
Une approche mentale avant tout
Pour Shaq, la clé n’est plus technique. Il ne s’agit pas d’enseigner des mouvements dos au panier ou des lectures de jeu, mais d’aborder la domination sous un autre angle. « Je ne leur apprendrais pas le jeu. Je leur apprendrais le mental », a-t-il expliqué, avant d’insister : « On ne peut pas dire que, juste parce qu’il est grand, il appartient à telle catégorie. Il faut décider quelle catégorie on veut maîtriser, et la maîtriser totalement. »
C’est précisément là que Wembanyama bouscule les repères. Il n’essaie pas de devenir une copie modernisée des pivots du passé. Il a créé sa propre catégorie, hybride, déroutante, où la taille, la mobilité et la créativité cohabitent sans hiérarchie stricte. Cette singularité lui offre une longueur d’avance et transforme chaque duel en casse-tête pour les défenses adverses.
O’Neal lui-même l’admet sans détour lorsqu’on l’interroge sur la manière dont il tenterait de lui marquer des points. « Il faut le pousser sous le cercle et finir fort juste devant lui », a-t-il concédé, avant d’ajouter aussitôt : « Mais de l’autre côté du terrain, je n’aurais probablement aucune réponse pour lui. » Une reconnaissance rare venant d’un joueur qui a longtemps incarné la loi du plus fort dans la raquette.
Pour la franchise de San Antonio, cette validation symbolique n’est pas anodine. Elle confirme que Wembanyama n’est pas seulement un talent générationnel, mais un joueur qui force même les légendes à revoir leur grille de lecture. Son impact ne se limite plus à la feuille de statistiques : il redéfinit ce que signifie dominer quand on est un intérieur en NBA.
