Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Chanteur apprécié du public depuis de nombreuses années, Calogero est plutôt discret dans les médias. Néanmoins, lors d’un passage récent au micro de LCP, l’artiste d’origine italienne a tenu à clarifier un questionnement chez certains de ses fans. Et en la matière, il se situe à l’opposé, par exemple, d’un certain Daniel Balavoine.
Calogero et Daniel Balavoine incarnent deux générations et deux manières très distinctes de concevoir le rôle d’un chanteur dans la société. Figure incontournable de la chanson française contemporaine, l’interprète de « En apesanteur » a surtout construit sa carrière sur l’émotion, l’intime et la transmission, loin des affrontements idéologiques.
À l’inverse, Daniel Balavoine s’est imposé dans les années 1980 comme une voix engagée, parfois abrasive, n’hésitant pas à interpeller directement le pouvoir politique. Cette opposition de styles et de visions continue d’alimenter les débats, y compris plusieurs décennies après la disparition de Balavoine. S’il reste profondément respectueux de l’héritage laissé par l’auteur de « L’Aziza », Calogero revendique néanmoins une autre manière d’exister dans l’espace public.
Pour lui, la notoriété ne confère pas automatiquement une légitimité politique, ni un devoir de prise de position partisane. C’est ce qu’il a expliqué au micro de LCP :
« On m’a souvent dit : Mais pourquoi tu ne t’engages pas plus ? Pourquoi tu ne fais pas comme Daniel Balavoine sur un plateau, affronter un homme politique ? On est tous différents. Moi, je considère que ce n’est pas parce que j’ai eu du succès avec mes chansons que je dois donner des conseils politiques à mon public.
Quand on devient un chanteur à succès, on a la chance de pouvoir se lever à l’heure qu’on veut. Moi, je sais ce que c’est que de se lever à 7 heures du matin… J’ai fait plein de petits boulots et je suis fils d’ouvrier donc ce n’est pas parce que je suis chanteur que je vais dire : ‘toi vote pour untel, toi vote pour untel' ».
Une prise de parole qui tranche avec l’image laissée par Daniel Balavoine, dont l’engagement politique reste indissociable de la carrière. Le chanteur disparu en 1986 avait marqué les esprits par sa liberté de ton, et surtout par sa fameuse intervention face à François Mitterrand, lors d’un journal de 13 heures, où il dénonçait sans détour les promesses non tenues et le fossé entre les élites et la jeunesse. Une séquence devenue culte, régulièrement rediffusée et commentée, et qui a contribué à forger la légende d’un artiste prêt à risquer sa carrière pour ses convictions.
Calogero, lui, ne renie pas l’importance de cette parole forte dans l’histoire de la chanson française. Il s’en distingue simplement. Là où Balavoine incarnait une colère et une urgence propres à son époque, Calogero revendique une forme de retenue, estimant que la musique peut aussi être un refuge, un espace de partage dénué d’injonctions politiques. Une position qui lui vaut parfois des critiques, mais qu’il assume sans détour. Et qui est appréciée par une grande partie de la popuation.
