Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
À plus de neuf décennies au compteur, Gérard Hernandez n’a rien perdu de son franc-parler. Figure familière du paysage audiovisuel français, le comédien est revenu sur une vieille blessure professionnelle. Un épisode marquant de sa carrière, resté en travers de la gorge. Et visiblement, le temps n’a rien arrangé.
Figure très connue du théâtre et de la télévision française, Gérard Hernandez devait initialement incarner Lucien Cheval dans l’adaptation cinéma du film « Le Dîner de cons », ajoutant ainsi une nouvelle ligne à son prestigieux CV. Mais patatras : le rôle a finalement attribué à Daniel Prévost, au terme d’un changement de casting que l’acteur n’a jamais digéré.
Des années plus tard, l’interprète de Raymond dans Scènes de ménages a accepté de revenir sur cet épisode, avec une amertume intacte et des mots particulièrement durs. Au micro du podcast Shnock, Gérard Hernandez a ainsi réglé ses comptes avec celui qui a finalement décroché le rôle tant convoité. Sans détour, le nonagénaire a livré un jugement cinglant sur Prévost :
« C’est un con, un méchant. Gentil avec les grands, pourri avec les petits. Mais je lui ai dit, plus tard. Il ne comprenait pas que je ne veuille pas lui serrer la main. Mais pourquoi ne m’avait-il pas appelé, juste me dire un truc comme : ‘Je ne comprends pas que tu ne fasses pas le film’ ? Ça m’est arrivé, parfois, qu’on me donne un job qui revenait d’habitude à un autre, mais j’appelais toujours : ‘Pourquoi ce n’est pas toi ? »
Mais la colère de Gérard Hernandez ne s’arrête pas là. Le réalisateur du film, Francis Veber, est lui aussi sévèrement épinglé par le comédien, qui ne lui accorde guère plus de considération. Toujours dans le même entretien, l’acteur ne mâche pas ses mots :
« Ce n’est pas quelqu’un de très bien, Monsieur Veber, ce n’est pas un gentil. Une fois, j’ai même failli lui casser la gueule »
Des déclarations choc, à la hauteur de la frustration accumulée au fil des années. À 92 ans, Gérard Hernandez semble avoir décidé de ne plus rien taire, quitte à écorner certaines figures du cinéma français. Un règlement de comptes tardif, mais assumé, qui rappelle que derrière les rôles cultes se cachent parfois des rancœurs tenaces.
