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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Leur histoire appartient à la légende du théâtre français, autant qu’à celle des regrets. Jeunes, talentueux et promis à un immense avenir, Francis Huster et Isabelle Adjani ont partagé bien plus qu’une scène dans les années 1970. Mais plusieurs décennies plus tard, ce sont visiblement les regrets qui priment chez l’acteur. Et pas qu’un peu.
Figure majeur du théâtre et du cinéma français, Francis Huster a vécu une histoire passionnelle avec Isabelle Adjani à leurs débuts au sein de la Comédie-Française. Une relation artistique et amoureuse intense, nourrie par les grands textes du répertoire, mais brutalement interrompue par un choix de carrière. Un épisode qui a durablement marqué l’acteur, au point de façonner une partie de son parcours.
Invité sur le plateau de C à Vous il y a quelques mois, Francis Huster est revenu longuement sur cette période charnière de sa vie. Avec émotion, le comédien a évoqué son admiration pour Isabelle Adjani, autant pour la femme que pour l’actrice, avant de laisser transparaître une blessure jamais refermée et qu’il n’a jamais pardonnée :
« J’aimais Isabelle. Elle avait une qualité extraordinaire, c’est qu’elle jouait avec son ventre. Elle avait compris que l’important était dans Molière, ce sont les silences, qui permettent, comme un parfum d’âme, d’offrir à l’autre une partie de soi-même…
Cet amour pour Isabelle, il était dans la vie comme sur scène, et j’ai été foudroyé un peu comme Don Juan , quand Isabelle a décidé de quitter la Comédie-Française. Je ne lui ai jamais pardonné. Il y a des rôles sublimes du répertoire où, justement, elle aurait emmené la jeunesse à rentrer dans Racine, Corneille, Chimène, Phèdre, Bérénice. Ma vie artistique est complètement déchiquetée en deux dès l’instant où elle a cassé ce couple. »
Pourtant, le temps a fait évoluer son regard. Dans un entretien accordé par la suite au magazine VSD, Francis Huster avait adopté un ton plus introspectif, allant jusqu’à se charger lui-même à 100% de la responsabilité de cette rupture professionnelle et sentimentale :
« Je me reproche seulement, quand j’étais amoureux d’Isabelle Adjani et que nous jouions ensemble à la Comédie-Française, de ne pas avoir su trouver les mots pour la convaincre de rester. On aurait été les Vivien Leigh et Laurence Olivier du théâtre français . Je considère que tout est de ma faute. »
Entre regrets, idéalisation et autocritique, Francis Huster livre ainsi le récit d’un amour aussi flamboyant que douloureux. Une relation qui n’a jamais cessé de le hanter – preuve que certaines histoires, même terminées depuis longtemps, continuent de façonner une vie entière.
