Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La fin n’est jamais propre pour les compétiteurs obsessionnels. Quand l’exigence ne baisse pas mais que le corps, lui, commence à trahir, les équilibres se rompent. À Los Angeles, le retour de Chris Paul a ravivé autant de souvenirs que de tensions. Et tout s’est terminé de manière abrupte.
La réputation de Chris Paul n’a jamais fait débat. Meneur de jeu d’élite, cerveau du jeu, obsessionnel du détail, il a élevé chacune des équipes qu’il a dirigées. Mais cette grandeur s’accompagne d’une contrepartie lourde : une intolérance totale à l’approximation, qu’elle vienne des coéquipiers, du staff ou même de la direction. Selon les révélations de Ramona Shelburne, ce n’est pourtant pas un incident isolé qui a poussé la franchise des Clippers à trancher. Il s’agissait plutôt d’une accumulation.
Désaccords répétés avec Tyronn Lue, tensions avec Jeff Van Gundy, divergence de vision avec Lawrence Frank : le climat s’est lentement dégradé jusqu’au point de non-retour. D’après une source citée par la journaliste d’ESPN, « il n’y a pas eu un événement précis. Ce n’est pas comme une histoire absurde qui explose d’un coup ». Le malaise s’est installé progressivement, à mesure que Paul prenait de plus en plus de place dans les discussions, convaincu que son impact pouvait – et devait – aller bien au-delà du rôle initialement prévu.
Quand l’autorité devient un problème
La rupture aurait réellement pris forme durant la présaison. Utilisé seulement dix-neuf minutes par match, Chris Paul a maximisé chaque séquence, au point de modifier la perception interne de son rôle. « C’est là que tout a basculé », confie une source proche du dossier, expliquant que ces performances ont renforcé chez Paul la conviction qu’il devait influencer bien davantage le fonctionnement de l’équipe.
À partir de là, le vétéran a multiplié les échanges avec le staff, proposant des ajustements sur les entraînements, les schémas défensifs et même l’exécution des systèmes offensifs. Une implication jugée excessive par certains, mais parfaitement cohérente avec l’ADN d’un joueur qui a toujours voulu contrôler chaque détail pour gagner.
Un dirigeant d’une autre équipe résume parfaitement ce paradoxe : « C’est comme ça qu’est Chris. Il t’épuise. Il est persuadé d’avoir raison – et souvent, il a raison – ce qui finit par agacer tout le monde ». Autrefois toléré parce qu’il était indispensable, ce comportement est devenu plus difficile à accepter avec l’âge et la baisse relative de son impact physique.
La sentence est tombée peu après. Pour certains dirigeants, la décision était inévitable. « Il était déjà pénible quand il était un grand joueur », glisse un cadre anonyme. « Aujourd’hui, il ne l’est plus vraiment ». Une phrase brutale, mais révélatrice de la collision entre l’exigence d’un champion et la réalité d’une franchise en quête de stabilité.
