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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Au fil de sa carrière, Claude Lelouch a dirigé les plus grands noms du cinéma français. Des acteurs mythiques, des visages populaires, des talents révélés au fil des décennies. Une absence, pourtant, intrigue depuis longtemps les cinéphiles. Pourquoi Gérard Depardieu n’a-t-il jamais figuré au générique d’un film du réalisateur ? C’est ce qu’il a expliqué.
Figure incontournable de la réalisation française, Claude Lelouch a toujours revendiqué une fidélité presque affective avec ses comédiens. De Jean-Louis Trintignant à Anouk Aimée, en passant par des générations entières d’acteurs, le cinéaste a bâti une œuvre nourrie de rencontres humaines autant qu’artistiques. Mais malgré cette ouverture, une collaboration n’a jamais vu le jour : celle avec Gérard Depardieu, pourtant incontournable du septième art.
L’absence de l’acteur dans la filmographie de Claude Lelouch n’est pas le fruit du hasard ni d’un simple concours de circonstances. Bien au contraire. Elle remonte aux débuts mêmes de Gérard Depardieu, à une époque où tout restait encore à écrire pour lui. Une histoire ancienne, marquante, qui a durablement scellé la position du réalisateur. Dans les colonnes du Figaro fin 2024, Claude Lelouch racontait :
« J’ai failli produire son premier film. Pierre Villemin, qui était le metteur en scène, vient me voir après une semaine et me dit : « Je me suis trompé, je ne suis pas fait pour la mise en scène, on va dans le mur. Donc, on arrête le film. » Je convoque les acteurs et les techniciens et je leur propose de les payer la moitié du film, trois semaines sur les six prévues.
Tout le monde est d’accord, sauf Depardieu qui me dit : « Tu as du pognon, tu vas me payer la totalité. » J’ai répondu : « Je vais te payer et on ne travaillera jamais ensemble. » Est-ce que je l’engagerais aujourd’hui (avec qui lui arrive sur le plan judiciaire) ? Non, à cause de ce que je vous ai dit. Sinon, je m’en foutrais, parce qu’il a un talent fou, hors norme. »
Des mots tranchants, assumés, qui éclairent d’un jour nouveau cette absence remarquée. Claude Lelouch ne remet pas en cause le talent de Gérard Depardieu, qu’il tient en très haute estime. Mais pour lui, la relation humaine et la loyauté priment sur tout le reste – et cela même dans le cas d’un monstre sacré.
Avec cette confidence tardive, le cinéaste livre une clé de lecture cohérente avec l’ensemble de son parcours. Plus qu’un choix artistique, il s’agit d’une ligne de conduite personnelle, fidèle à une certaine idée du cinéma et des rapports entre les êtres. Une vision assumée, restée intacte jusqu’à aujourd’hui.
