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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Depuis l’accident provoqué par Pierre Palmade en février 2023, les prises de parole publiques autour de l’affaire ont été rares et souvent très prudentes. Certains proches ou connaissances du milieu ont toutefois choisi de s’exprimer, non pas tant sur les faits eux-mêmes que sur leur traitement médiatique. Laurent Ruquier fait partie de ceux-là. Et son regard, à contre-courant, n’a pas manqué de surprendre.
Animateur emblématique du paysage audiovisuel français, Laurent Ruquier n’a jamais été connu pour manier la langue de bois. Alors lorsque l’affaire Pierre Palmade éclate au grand jour après le grave accident de la route survenu sous l’emprise de drogues et d’alcool, le producteur et homme de radio observe avec distance la déferlante médiatique.
Sans minimiser la gravité des faits ni la souffrance des victimes, il choisit de déplacer le débat sur un autre terrain, celui de l’emballement de l’information et de la responsabilité collective. Quelques mois après le drame, Laurent Ruquier livre ainsi son analyse dans les colonnes du Journal du Dimanche, revenant moins sur l’humoriste déchu que sur la manière dont l’affaire a été commentée et disséquée. Il y dénonce une exposition qu’il juge excessive et profondément malsaine :
« Ce n’est pas une révélation car il ne s’en est jamais caché… Je réagis surtout à l’exploitation médiatique qui en a été faite, que j’ai trouvé abjecte, honteuse. C’est un fait divers tragique, mais des accidents de la route il y en a tous les jours, avec des gens alcoolisés, drogués ou pas. On n’emmerde pas les anonymes. Qui connaît le nom du mec qui est entré en collision à ski avec Gaspard Ulliel ou le conducteur du camion qui a renversé Coluche ? Pour ne pas être en porte-à-faux par rapport à quelqu’un qu’on connaît et par rapport aux victimes, la meilleure attitude est de se taire, comme l’a dit Muriel Robin. »
Une ligne de conduite que le présentateur de radio et de télévision assumera encore par la suite. Deux ans plus tard, alors que Stéphane Plaza se retrouve à son tour confronté à des démêlés judiciaires, Laurent Ruquier reste fidèle à cette même philosophie, évoquant le sujet sur les ondes de RTL. Là encore, il insiste sur la frontière entre justice, vie privée et exposition publique :
« Il faut que chacun regarde sa vie. Il y a des choses dont on est plus ou moins fiers dans nos vies, c’est vrai pour nous, c’est vrai pour les auditeurs. Et hélas, c’est le revers de la médaille, dans nos métiers on est très vite exposés. Quand quelque chose se passe mal, ça fait la Une de tous les journaux, de tous les médias, des réseaux sociaux… C’est difficile à gérer. Moi, je ne suis pas ami, ni avec Stéphane Plaza ni avec Pierre Palmade, mais c’est une fidélité professionnelle. Après le reste c’est la justice qui doit faire les choses et elle les fait, comme il faut, mais ça n’empêche pas d’avoir de la mémoire. »
Sans jamais excuser les actes ni se poser en donneur de leçons, Laurent Ruquier défend ainsi une position nuancée, presque inconfortable, dans un climat médiatique souvent binaire. Une manière pour l’animateur de rappeler que derrière les affaires judiciaires très exposées se jouent aussi des questions de proportion, de mémoire et de responsabilité collective.
