Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
La disparition d’Alain Delon il y a quelques mois a ravivé une avalanche d’hommages à l’un des monuments du cinéma français. Mais derrière l’icône, certaines voix ont rappelé une réalité moins reluisante. Parmi elles, celle de Marie Laforêt, dont les propos très durs à l’égard de l’acteur ont refait surface. Des mots assumés, à l’image d’une actrice qui n’a jamais mâché les siens.
Pour le meilleur souvent, et pour le moins bon parfois, Alain Delon a traversé le cinéma français en laissant une empreinte indélébile. Figure de l’élégance et du charisme, le comédien a aussi cultivé une réputation plus rugueuse dans les coulisses. Marie Laforêt, disparue en 2019, en savait quelque chose. Leur histoire remonte à 1959, sur le tournage de « Plein soleil », premier film de la chanteuse-comédienne, face à un Delon alors en pleine ascension. Une collaboration marquée très tôt par des tensions.
Dès leurs premiers échanges, le ton aurait été donné. Selon le biographe de Marie Laforêt, une scène dans un ascenseur résume à elle seule la nature des rapports entre les deux acteurs. La discussion, rapportée des années plus tard, n’a jamais été démenti par l’intéressée :
Delon : « Tu veux que je te saute ? Non ? Tu ne sais pas ce que tu perds ! »
Laforêt : « Toi non plus, tu ne sauras jamais ce que tu rates ! »
Sur le tournage, la situation ne se serait guère arrangée. Toujours d’après les souvenirs de l’actrice, Maurice Ronet et Romy Schneider, alors fiancée d’Alain Delon, auraient également contribué à l’isoler, multipliant les moqueries. Une expérience amère que Marie Laforêt n’a jamais digérée, et qu’elle a évoquée sans détour au fil des années.
En 1978 déjà, celle qui a souvent partagé l’affiche avec Jean-Paul Belmondo, grand rival de Delon, avait qualifié Alain Delon et Maurice Ronet de « prétentieux », « méprisants » et de « trous du cul ». Un franc-parler intact lors d’un entretien accordé à France-Soir en 2004, où elle réglait définitivement ses comptes avec le Guépard :
« Je n’ai jamais eu aucun rapport avec lui. Alain n’est pas drôle, il n’a aucun humour, n’est même pas intelligent. »
Personnalité aussi admirée que redoutée, Alain Delon n’a jamais fait l’unanimité dans le milieu artistique. Si beaucoup ont préféré se taire face au monument, Marie Laforêt, elle, a toujours assumé ses mots et ses souvenirs, quitte à déranger. Une liberté de ton qui, aujourd’hui encore, tranche avec le concert d’éloges entourant la légende.
