Par Rédaction | Sport
Ils ont tout gagné ensemble, mais n’ont jamais vraiment joué le même football. Zinédine Zidane et Didier Deschamps incarnent deux visions presque opposées du jeu, longtemps complémentaires. Entre respect mutuel et chambrage assumé, leur relation n’a jamais été tiède. En 2018, une sortie de “Zizou” l’avait d’ailleurs rappelé avec une franchise savoureuse !
Avant d’être des entraîneurs auréolés de succès, Zinédine Zidane et Didier Deschamps ont partagé le même vestiaire, à la Juventus de Turin comme en équipe de France. L’un était le génie créatif, l’autre le capitaine besogneux, indispensable à l’équilibre collectif. Deux trajectoires parallèles, forgées dans les mêmes victoires, mais nourries de rôles radicalement différents sur le terrain.
Si leurs noms désormais liés par la quasi-certaine prise de poste de Zizou à la place de « Dédé » à l’issue du Mondial 2026, les deux hommes ne renient rien de leur riche passé en commun. Ayant tout gagné ensemble, les deux hommes ont de quoi s’autoriser, bien des années plus tard, quelques piques amicales… parfois un peu appuyées !
C’est dans ce registre que s’était illustré “ZZ” en 2018. Invité à composer son onze idéal de l’équipe de France championne du monde 1998 dans une vidéo réalisée en partenariat avec Orange, l’ancien meneur de jeu devait classer ses coéquipiers selon trois catégories bien distinctes : soldats, artistes et imprévisibles. Le passage consacré à Didier Deschamps n’est pas passé inaperçu, puisque Zidane avait alors lâché, hilare :
« Deschamps, lui, bon, c’était un soldat (rires). C’était un vrai soldat, là, non non y a pas de doute ! Lui c’était pas un créatif… (se tourne vers la caméra, hilare) Pardon Dédé ! »
Une remarque un brin moqueuse mais lucide, tant les profils des deux hommes étaient opposés. Là où ZZ brillait par sa technique et sa vision du jeu, Deschamps excellait dans le travail de l’ombre. Placement, rigueur défensive, intelligence tactique : le futur sélectionneur compensait un physique ordinaire par une science du jeu redoutable.
Cette réalité avait d’ailleurs été parfaitement résumée par un autre témoin privilégié de leur passage à la Juventus : Alessandro Del Piero. La légende vivante de la Vieille Dame s’était en effet montré très franc sur ses premières impressions concernant le milieu français… et comment il avait gagné le respect de tous :
« Quand il est arrivé, il ne parlait pas italien, et ne l’a pas parlé pendant un moment. Étant un garçon calme et peu expansif, nous n’avons pas eu l’occasion de trop se lier dans le vestiaire. C’était un petit garçon, et il n’était même pas très bon avec ses pieds. Donc je me suis dit : “Pourquoi l’avons-nous pris ?”
En fait, c’était un joueur fantastique. Il s’est battu pour chaque tête même s’il était plus petit que moi. Il était très conscient de ses qualités, et les a mises à la disposition de l’équipe de la meilleure façon possible. Il savait qu’il devait s’intégrer avec Zidane et moi, des joueurs avec des qualités techniques différentes.
Il a toujours répondu aux attentes placées en lui, il était très fort en phase défensive, et n’a jamais raté un tacle. Des joueurs comme lui sont toujours prêts à vous donner un coup de main, il faisait partie de ces coéquipiers inestimables. »
Taquin mais jamais méprisant, Zinédine Zidane n’a donc jamais nié la valeur de Didier Deschamps. Le champion du monde 1998 lui reconnaît un leadership et une intelligence de jeu essentiels aux succès collectifs. Un respect évident, malgré des profils opposés et une rivalité latente autour du poste de sélectionneur.
Le chambrage fait partie de l’histoire commune de Zinédine Zidane et Didier Deschamps, tout comme les trophées. Et au delà des boutades et des rires, l’épisode rappelle surtout que le football se construit aussi grâce à ces alliances entre artistes et soldats.
