Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Avant que les grandes images de la dynastie ne s’imposent dans la mémoire collective, Chicago avançait encore à tâtons autour de sa future légende. Michael Jordan était déjà là, incandescent, mais l’équilibre n’était pas encore trouvé. Dans cette période charnière, un nom souvent oublié a pourtant joué un rôle bien plus central qu’on ne l’imagine.
Arrivé presque discrètement dans l’Illinois, John Paxson n’avait rien du lieutenant star. Pas de statistiques tapageuses, pas de projecteurs braqués en permanence. Et pourtant, dans l’ombre, une connexion rare s’est rapidement créée avec Michael Jordan, au point de devenir un socle essentiel dans les premières années des Bulls.
Très vite, la complémentarité entre les deux hommes saute aux yeux. Paxson comprend instinctivement comment jouer aux côtés d’un talent aussi écrasant que Jordan. Il accepte son rôle, s’adapte à son rythme, et surtout, ne recule jamais. Dans une équipe encore en construction, cette fiabilité devient précieuse, presque vitale.
Une confiance rare aux côtés de Jordan
Ce lien n’est pas passé inaperçu aux yeux des observateurs les plus proches de la franchise. Sam Smith, insider historique des Bulls, a longtemps insisté sur l’importance de Paxson à cette époque. « John est probablement devenu le coéquipier préféré de Michael pour jouer ensemble. Il était son roc », a-t-il résumé, rappelant à quel point cette relation dépassait le simple cadre du jeu.
Doug Collins, entraîneur des Bulls à la fin des années 1980, avait lui aussi rapidement identifié ce qui distinguait Paxson des autres. « Jouer avec Michael Jordan, ça demande une carapace solide. Mais surtout, ça demande sa confiance. Et John avait les deux », expliquait-il. Cette confiance, Paxson l’a gagnée par son travail quotidien, son endurance et sa capacité à répondre présent sans jamais chercher à exister au détriment de la star.
Sur le plan statistique, la saison 1986-1987 reste la plus aboutie de Paxson. Titulaire à 64 reprises, il affiche alors 11,3 points et 5,7 passes de moyenne, tout en disputant l’intégralité des 82 matchs. Une production solide, mais surtout une constance qui rassure Jordan dans un collectif encore instable. Collins ne s’y trompait pas : « Son travail quotidien montrait exactement qui il était. Endurant, dur, et capable de rentrer des tirs sans trembler ».
Scottie Pippen lui-même n’a jamais oublié l’importance de ce coéquipier discret. « John a joué le rôle qu’on savait qu’il pouvait jouer, et il l’a fait parfaitement. C’était l’un de ces soldats oubliés de notre équipe », confiait-il, rappelant que son impact dépassait largement le nombre de tirs pris. Avant même que la dynastie ne prenne forme, Michael Jordan s’est appuyé sur un partenaire de confiance, constant et loyal. John Paxson n’a jamais cherché la lumière, mais sans lui, les premières fondations des Bulls n’auraient peut-être jamais tenu.
