Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Depuis des années, Laurent Gerra cultive une image de bon vivant assumé, entre humour mordant et amour des plaisirs de la table. L’imitateur ne s’est jamais caché de son attachement au vin et aux moments de partage qui l’accompagnent. Mais derrière cette réputation festive, l’artiste revendique aussi des règles très claires. Et une limite bien précise.
Toujours très populaire auprès du public, Laurent Gerra continue de remplir les salles et de s’imposer comme une référence dans son registre, aux côtés d’un Nicolas Canteloup installé sur un terrain différent. À cette carrière bien remplie s’ajoutent désormais des incursions dans la fiction, notamment avec sa participation à plusieurs téléfilms, preuve de sa curiosité intacte et de son envie de se renouveler.
Mais s’il y a un domaine dans lequel l’imitateur se montre constant, c’est bien son rapport à la convivialité. Les tournées sont pour lui synonymes de retrouvailles, de restaurants amis et de longues discussions autour d’une bonne table. Un art de vivre qu’il avait détaillé dans une interview accordée au magazine Tanin en 2021, en évoquant ces repas d’après-spectacle qui comptent tant à ses yeux :
« Ce sont des moments importants pour moi, parce que c’est plein de copains et de restaurateurs qui ont la gentillesse de rester ouverts pour nous. Mon vrai repas, c’est celui d’après-spectacle. La récompense, c’est joyeux, arrosé, c’est vraiment une fête… En tournée certains artistes préfèrent bouffer une salade dans leur chambre d’hôtel. Moi je ne peux pas. »
Grand amateur de vin, Laurent Gerra n’ignore évidemment pas les recommandations médicales sur la consommation d’alcool. Pourtant, sa propre définition de la modération diffère sensiblement des standards habituels. Toujours dans les colonnes de Tanin, l’artiste avait livré sa vision très personnelle de la fameuse limite à ne pas dépasser :
« Le vin, ça ne doit jamais être petit, mesquin, ça doit rendre joyeux, partageur, bavard. La limite selon moi, c’est de toujours se souvenir de ce qu’on s’est dit ! »
Cette philosophie épicurienne n’empêche toutefois pas un professionnalisme sans faille lorsqu’il s’agit de monter sur scène. Conscient de ses responsabilités face au public, Gerra a également tenu à préciser, dans ce même entretien, qu’alcool et spectacle ne font jamais bon ménage dans son cas :
« Je ne bois jamais avant le spectacle. La scène, c’est ma salle de gym, je me dépense, je veux être à 100 %. C’est une question de respect pour le public. »
Bon vivant revendiqué, admirateur des figures comme Jean Gabin ou Lino Ventura, Laurent Gerra assume pleinement son goût pour les plaisirs de la table et du vin, tout en traçant une frontière nette entre la fête et le travail. Une conception très personnelle de la limite, fidèle à son tempérament, qui continue de faire sourire autant qu’elle intrigue.
