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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Avant de devenir l’architecte d’une dynastie californienne, Steve Kerr occupait un rôle bien différent. À l’époque directeur général de Phoenix, il préparait déjà l’avenir, conscient que même les plus grands meneurs ne défient pas le temps indéfiniment. Et dans son viseur, Stephen Curry. Comme quoi, l’histoire ne se joue parfois pas à grand chose.
Lors de la Draft 2009, Steve Kerr n’était pas un simple observateur. Il avait identifié Stephen Curry comme bien plus qu’un pari exotique. Davidson venait de vivre une épopée folle en NCAA, portée par un joueur capable de marquer de partout, avec une aisance presque déconcertante. Sur place, Kerr et son assistant Bruce Fraser ont été frappés par ce qu’ils voyaient, bien au-delà des simples statistiques.
« Nous étions fascinés par son talent et son charisme, par sa façon de se déplacer. On s’est regardés et on s’est dit qu’il pouvait peut-être devenir le prochain Steve Nash », a confié Kerr. À 35 ans, Nash brillait encore, mais Phoenix savait qu’une transition finirait par s’imposer.
Un échange avorté qui a tout changé
C’est là que l’histoire bascule. Phoenix a sérieusement tenté de monter un échange le soir de la Draft pour récupérer Curry et l’installer dans un effectif déjà impressionnant, aux côtés de Nash, Amar’e Stoudemire, Grant Hill et Jason Richardson. Le plan était clair : apprendre dans l’ombre d’un double MVP avant de prendre les rênes de l’attaque pour les années à venir.
« C’est pour ça que nous avons vraiment poussé très fort et qu’on était tout proches de conclure un échange le jour de la Draft pour l’amener à Phoenix. Et puis tout est tombé à l’eau », a reconnu Kerr, avant d’ajouter avec le recul : « Dieu merci que ça n’ait pas abouti ». Finalement, c’est Golden State qui sélectionne Curry en neuvième position.
Le véritable tournant survient en 2014, lorsque Steve Kerr arrive sur le banc de l’équipe. Curry est alors prêt à exploser, et la symbiose entre les deux hommes est immédiate. Dès leur première saison ensemble, ils remportent le titre, avant d’en ajouter trois autres en l’espace de quelques années, changeant durablement le visage de la NBA.
Avec le recul, l’ironie est frappante. L’homme qui a failli faire venir Curry à Phoenix est devenu celui qui a bâti tout un système autour de lui à Golden State. Une alliance fondée sur la confiance, l’authenticité et la résilience, traversant succès éclatants, échecs et épreuves personnelles. Si Phoenix a laissé passer l’occasion, le reste de la ligue en a payé le prix.
