Par Rédaction | Sport
Prodiges du circuit jeunes à leurs débuts, Rafael Nadal et Richard Gasquet ont connu des destins bien différents par la suite. Mais alors que l’Espagnol a annoncé qu’il allait raccrocher la raquette pour de bon, le Français a été l’un des premiers à lui rendre hommage et à le raconter, lui qui l’a côtoyé de si près. Avec notamment des révélations sur le fameux épisode du contrôle positif à la cocaïne…
En les voyant adolescents, certains observateurs pensaient que Rafael Nadal et Richard Gasquet seraient les deux monstres du circuit ATP de demain. Dans les faits, la rivalité s’est arrêtée aux portes du monde pro pour les deux hommes, puisque l’Espagnol a infligé un cinglant 18-0 à son homologue en carrière. Une situation dure à gérer pour le tricolore, qui ne s’en cache pas.
Suite à l’annonce de la retraite de « Rafa », Gasquet a toutefois voulu insister sur le respect qu’il voue à son ex-rival. Dans les colonnes de L’Équipe, il indique, admiratif :
Comment se comparer à lui ? Même quand il joue au golf, il y met une énergie pas commune. Dans les vestiaires avant un match, il ferait presque peur. C’est la personne la plus concentrée que j’ai jamais vue. Une concentration extrême, que l’on peut sentir dans cette manière de se coiffer, presque cheveu après cheveu tout en mettant son bandeau. On dirait Dragon Ball qui part au combat… ! C’est cette intensité qui m’impressionne – sa force brute.
Richard Gasquet éternellement reconnaissant envers Rafael Nadal
Mais ce qui a le plus marqué Gasquet, c’est la loyauté de Nadal lorsqu’il s’est retrouvé dans la tourmente. Le soutien de du « Taureau de Manacor » était inestimable pour « Ritchie, » comme il l’a raconté avec émotion :
En 2009, cela m’avait apporté beaucoup de réconfort quand, après m’avoir envoyé un message, il s’était exprimé dans la presse pour me défendre dans cette histoire de contrôle positif à la cocaïne. Il a été le premier à parler, courant le risque de nuire à son image. Son entourage n’était pas d’accord pour qu’il s’expose ainsi mais il l’a fait et je l’ai pris pour une belle marque d’amitié. Je me souviendrai toujours de ce qu’il avait dit quand on l’avait interrogé à ce propos.
« Je suis convaincu que Richard n’a absolument rien pris. C’est un très bon ami à moi, j’en ai parlé avec lui la semaine dernière. Vous savez très bien comment va le monde aujourd’hui. Si un jour, on va à une fête, il peut se produire n’importe quelle bêtise, tu embrasses une fille qui en a pris, n’importe quoi peut t’arriver et c’est la réalité. Finalement, ta vie de sportif peut être détruite pour une telle bêtise. Je trouve que c’est complètement injuste ! Je veux l’assurer de tout mon soutien. Je le lui ai déjà dit par téléphone. Il y a parfois des mesures qui sont très excessives et très injustes. »
Son message m’avait touché. Il avait également fait beaucoup de bien à mes parents.
Cette loyauté en amitié n’est qu’un des nombreux pans qui suscitent l’admiration de Gasquet chez Nadal. Sidéré par l’énergie et la dévotion de « Rafa » à son sport, le Français se souvient notamment d’une anecdote en marge d’une rencontre de Coupe Davis :
Nadal était arrivé bien après tout le monde, puisqu’il avait disputé le lundi contre Djokovic la finale de l’US Open décalée à cause de la pluie. Il avait pris un avion privé pour débarquer le mardi, avec la fatigue physique et nerveuse d’une finale qu’il avait terminée avec des crampes – sans compter le décalage horaire à gérer. Le mardi soir, tandis que nous rentrions à l’hôtel après le dîner, on avait vu les Espagnols partir au restaurant après 23h. Le mercredi matin, à 8h30, nous les entendions, Nadal en tête, hurler sur le court pendant des sets d’entraînement. Gilles Simon leur avait demandé : »Et vous dormez, parfois ? » Rafa n’avait pas appuyé sur le bouton pause une seule minute. Et nous, psychologiquement, on avait déjà perdu la rencontre.
(…) Il ne s’arrêtait jamais. Une dépense d’énergie folle, qui ne l’empêchait pas de taper comme un boeuf pendant deux heures sur le court. Hors-norme.
En plus d’être l’un des plus grands joueurs de l’histoire de son sport, Rafael Nadal a toujours été réputé pour sa classe en dehors des courts. Richard Gasquet peut en témoigner : il a vu l’Espagnol à l’oeuvre pendant plus de 20 ans, et ne peut aujourd’hui que s’incliner devant le tennisman et l’homme. Chapeau, et bon vent au roi de Roland.