Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Joueur de Ligue 1 au cours des années 2000, Benjamin Gavanon avait notamment passé une partie de la fin de sa carrière en Chine. Resté à Shenzen pendant une saison, l’ancien milieu avait dressé un verdict clair de cette expérience quelques années après.
Encore aujourd’hui, de telles destinations sont considérées comme exotiques voire étranges pour les joueurs de football. Alors imaginez un peu plus de 10 ans en arrière, lorsque Benjamin Gavanon choisissait de mettre le cap sur la Chine en rejoignant le Shenzen Ruby en 2012-13. Interrogé en 2016 par TF1 sur cette décision, le milieu de terrain français ne cachait pas qu’elle avait été motivée par des raisons pecunières :
C’est l’attrait financier. Il n’y a rien d’autre. Qu’est-ce que vous voulez qu’il y ait ? Bon, ça reste malgré tout une expérience de vie. Vous partez vivre dans un pays lointain avec d’autres coutumes, une façon de vivre complètement différente de celle qu’on connait en Europe. Mais derrière, il y a surtout un contrat énorme à prendre. C’est ça, le but du jeu.
Au début, on voit le contrat, l’excitation de la découverte. Mais ensuite, il faut s’adapter à la vie d’expatrié. (…) Vous êtes isolé. Vous devez recréer toute votre vie là-bas. Et il faut s’adapter à un autre mode de vie, une autre langue, une autre alimentation. Enfin, il y a aussi de bons côtés. En Chine, tout est ouvert, partout, à n’importe quelle heure. Vous avez de quoi faire.
Benjamin Gavanon à coeur ouvert sur son passage en Chine
Un discours très honnête donc de la part de l’ancien Nancéen, qui avait profité de son séjour dans l’Empire du Milieu pour dresser un constat plutôt intéressant du niveau de jeu du football sur place. Ayant connu le championnat chinois avant et après l’arrivée de stars telles que Didier Drogba et Nicolas Anelka, il s’était alors fendu d’une mise au point qui pourrait en faire tiquer plus d’un parmi les fans de l’Hexagone :
Le foot ne progresse pas encore là-bas. Il va progresser, c’est sûr. Mais il part de trop loin. Ils n’ont pas de politique de formation. Il y a de très bons joueurs chinois, mais ce n’est pas en prenant des stars par ci par là qu’ils vont améliorer les choses. Ils font ça pour que leur Championnat soit plus attrayant et exposé médiatiquement. Sauf que ça ne règle pas le problème de base, à savoir qu’ils n’exploitent pas le potentiel énorme que représente leur population.
J’ai joué contre plusieurs clubs de L1 chinoise et, franchement, ça vaut la L1 française. Parce que les étrangers relèvent le niveau. Cette année, il y a Guangzhou Evergrande et Shanghai SIPG qui sont très au-dessus. Le reste ne tient pas la route. Mais une équipe de L1 française de milieu de tableau aurait du mal à gagner tous ses matchs là-bas.
Cela pourrait en surprendre plus d’un, mais Benjamin Gavanon était convaincu que certains clubs chinois pouvaient avoir leur place en Ligue 1 en termes de niveau de jeu. À voir si son avis sur le sujet a évolué depuis, avec la prolifération de stars en France.