Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la plus grande légende du tennis français s’appelle peut-être Rafael Nadal. Pendant une vingtaine d’années, l’Espagnol a fait rêver les passionnés avec 14 victoires à Roland-Garros, au point d’avoir sa statue dans l’enceinte du tournoi. Alizé Cornet a suivi cette carrière avec attention.
Sportivement parlant, les relations entre la France et l’Espagne n’ont pas toujours été bonnes, et notamment dans le monde du basket. Malgré un joueur comme Tony Parker aux commandes, les Bleus ont souvent été battus par les frères Gasol et leurs compatriotes, créant ainsi de grands moments de tensions. Nicolas Batum, de nature si calme, s’est déjà emporté violemment sur le parquet en mettant des coups.
Pour réunir ces deux nations, ces sœurs ennemies, il fallait donc un talent hors du commun, et il a un nom : Rafael Nadal. Car c’est bien dans l’Hexagone que le natif de Majorque a connu ses plus grands succès. Vainqueur à 14 reprises de Roland-Garros, le tennisman a non seulement eu droit au soutien du public français pendant plus de 20 ans, mais il a aussi été immortalisé avec une statue devant l’enceinte parisienne.
Alizé Cornet parle de son Rafael Nadal
Comme un symbole, il était aussi l’un des derniers porteurs de la flamme olympique lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris à l’été 2024. Alizé Cornet a eu la chance de suivre ce parcours de l’intérieur du circuit, et dans un article fleuve écrit pour Le Magazine L’Equipe, la Française de 35 ans est revenue à cœur ouvert sur l’admiration qu’elle porte au Matador.
Je n’ai jamais osé lui en parler, lui dire ce que je pensais. Le seul truc cool que j’ai vécu avec lui, c’était lors d’une soirée des joueurs à la tour Eiffel. On prenait un ascenseur pour monter au premier étage et Rafa était dedans. Je pensais qu’il ne me connaissait pas. Je suis arrivée dans l’ascenseur et il m’a dit « Ola Alizé » et m’a fait la bise. Et je me suis dit : « Ah ouais, le mec me connaît ! » J’ai passé une belle soirée. Après, attention, sans ambiguïté, j’étais juste fan sportivement de l’athlète.
Il n’a cessé de m’étonner et mon admiration a grandi d’année en année parce qu’il faisait face à beaucoup de blessures, beaucoup d’adversité et, à chaque fois, il revenait, à chaque fois il gagnait, il restait fidèle à lui-même. Cette humilité qui transpirait, il aurait pu la perdre en devenant cet immense champion, mais il l’a gardée. Ça a vraiment forcé mon respect. Plus il était fort et plus il était humble, et c’est un truc très, très rare.
Alizé Cornet et Rafael Nadal ont disputé leur premier Roland-Garros la même année, tout comme leur dernier. La Française a donc pu voir l’ascension de son idole, sa consécration et sa retraite de l’intérieur. Ce qu’elle retient de ces merveilleuses quinzaines, c’est l’humilité et la gentillesse de l’Espagnol, qui aurait pourtant pu prendre la grosse tête à mesure qu’il battait les records.