Marcel Desailly avoue et balance sur le dopage : « Je n’en suis pas fier, c’est cette star qui m’a donné ça… »

Le défenseur français Marcel Desailly
beIN Sports (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Passé par le grand Olympique de Marseille qui est monté sur le toit de l’Europe, Marcel Desailly a également connu le côté sombre des méthodes de Bernard Tapie. Il s’en était épanché dans son autobiographie, avec notamment un passage saisissant, et des aveux particulièrement courageux.

Publicité

À partir des années 1970, le dopage a fait une irruption permanente dans le monde du sport. Déjà, à l’époque, les pilules de « Captagon » étaient répandues dans les vestiaires européens. Mais tout s’est accéléré au tournant des années 1990, et en France, c’est malheureusement l’OM de Bernard Tapie qui l’incarne tout particulièrement. Marcel Desailly, lui, en sait quelque chose.

Le récit troublant de Marcel Desailly sur le dopage

Dans son autobiographie « Capitaine », l’ancien taulier de l’équipe de France a en effet révélé comment, avant un « Classique » entre l’OM et le PSG, le célèbre homme d’affaires et mythique président du club phocéen est venu intimer à ses joueurs de consommer une substance boostante et très tendancieuse. Desailly raconte :

Publicité

Tapie nous rejoint dans les vestiaires du Parc. Plus fébrile que jamais, il va de l’un à l’autre, dans le fouillis des sacs et des paires de chaussures (…) . « Bon, les gars, arrêtez tout, écoutez-moi ». Silence dans les rangs. On n’entend plus la grosse voix de Basile Boli ni le cliquetis des crampons sur le carrelage. Tout le monde se tait. Même le boss. Debout au milieu du vestiaire, il sort une boîte de médicaments.

Une boîte que le staff médical du club n’a encore jamais utilisée devant moi. Le nom m’échappe mais pas le sentiment de malaise ni les mots de Tapie. « Ce match-là, les gars, il faut le gagner ! » Il me tend la boîte. Je n’ai plus qu’à m’en servir, à avaler un cachet et à faire tourner, mais j’hésite. Et si ce produit … ? Et si c’était… ?



Je suis pétrifié, incapable de réagir. Seulement de tendre à mon tour la boîte à Didier Deschamps. Il la prend, la retourne et lit une mise en garde du genre : « Ce médicament, au-dessus de certaines doses, peut être considéré pour des sportifs de haut niveau, comme une substance dopante » (NDLA : à l’époque, en 1992, le libellé exact de la phrase générique est : « L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors des contrôles antidopage »).

Didier ne se démonte pas. Il s’adresse au boss :

« Attendez, là, c’est quoi ce truc ? »

« Prenez-en. Faites-moi confiance ».

« Mais vous avez vu ce qu’il y a de marqué derrière ? »

« Pas de problème, c’est une question de dosage. Donne-moi ça si tu m’crois pas ! »

Publicité

Le boss saisit la boîte, avale un cachet, puis un autre et une bonne gorgée d’eau minérale. ‘Voilà maintenant allez-y ! Oh les gars, vous me connaissez, je ne vous ai jamais menti. Hein, est-ce que je vous ai menti ?’

Son produit miracle est-il interdit ? Qu’il en ait avalé deux cachets ou toute une tablette ne change évidemment rien à l’affaire : ce n’est pas lui qui subira peut-être un contrôle antidopage après le match ! n’empêche, il insiste : ‘Allez, prenez‘. j’ai pris. Un ou deux cachets, je ne sais plus. D’autres ont refusé. Pourquoi pas moi ? Peut-être la confiance aveugle dans le service médical. Peut-être la trouille de dire non. Peut-être le sentiment d’être Marseillais, donc invulnérable. Sans doute tout cela à la fois. Et je n’en suis pas fier.

Multisports