Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
L’argent, la réussite, l’exil fiscal… autant de sujets qui font régulièrement débat dans le monde du sport. Et si certains sportifs esquivent la question, d’autres n’hésitent pas à dire les choses franchement. C’est le cas de Robert Pirès, ancien international français et figure emblématique d’Arsenal, qui avait, en 2012, pris la parole sans filtre pour évoquer son rapport à la fiscalité et au regard porté sur la réussite en France.
En 2012, Robert Pirès venait de mettre fin à une brillante carrière de footballeur professionnel. À 38 ans, il était une figure respectée du sport français, mais son cœur – et sa maison – étaient depuis longtemps de l’autre côté de la Manche. À Londres, où il avait brillé sous les couleurs d’Arsenal entre 2000 et 2006, Pirès avait trouvé bien plus qu’un club : un environnement dans lequel il se sentait pleinement reconnu. Une reconnaissance qui, selon lui, faisait souvent défaut en France.
Son attachement à l’Angleterre n’était donc pas seulement lié à ses exploits sur le terrain, mais aussi à la manière dont la société britannique considérait la réussite. Dans une France alors marquée par des débats récurrents sur l’exil fiscal et les « riches qui fuient », Pirès avait tenu à mettre les choses au clair. Il ne reniait pas les avantages fiscaux du Royaume-Uni, mais il les plaçait dans une perspective plus large, plus humaine, presque culturelle.
Quand Robert Pirès évoquait son exil fiscal
C’est dans ce contexte qu’il avait lâché cette déclaration, devenue emblématique de son point de vue sur les deux pays :
« Certes, l’ISF n’existe pas, mais, ces dernières années, le système d’imposition s’est durci et je ne suis pas sûr qu’il soit beaucoup plus avantageux d’être contribuable anglais que français. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’ici la réussite suscite du respect et de l’admiration. En France, il y a toujours un climat de jalousie, de suspicion… »
Cette phrase résumait bien l’état d’esprit de l’ancien milieu de terrain offensif. Ce n’était pas seulement une réflexion sur la fiscalité, mais sur le regard porté par la société française sur ses figures de réussite. Selon lui, la France peinait à valoriser ceux qui réussissent – une faille culturelle qu’il avait vécue personnellement. À Londres, il s’était senti libéré de ce jugement permanent, ce « soupçon » que la réussite soit toujours suspecte.
Au-delà de la question fiscale, son témoignage mettait en lumière un fossé culturel. Quand d’autres préféraient éluder le sujet ou minimiser leur exil, Pirès assumait avec calme, sans provocation, son choix de vie. Son message, en creux, parlait d’un pays qui pousse parfois ses talents à regarder ailleurs – non pas pour fuir l’impôt, mais pour respirer un autre air.
Treize ans plus tard, alors que la France continue de débattre de la place des élites économiques, des sportifs et de la réussite individuelle, les propos de Robert Pirès résonnent toujours. Car derrière l’homme discret se cachait une lucidité que bien des figures publiques partagent, sans toujours l’exprimer aussi clairement.