Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Longtemps adulé pour ses plongeons spectaculaires et sa personnalité singulière, Fabien Barthez incarne à lui seul une génération de footballeurs à la fois talentueux et téméraires. Mais derrière la légende, les années ont laissé des traces. Aujourd’hui, l’ancien gardien se livre avec sincérité sur les conséquences physiques de sa carrière. Une confession lucide, qui lève le voile sur une réalité souvent ignorée.
Même les supér-héros de notre enfance sont des humains, après tout… Fabien Barthez, champion du monde 1998 et figure emblématique du football français, s’est récemment confié dans une interview au journal L’Équipe sur son quotidien à 53 ans.
Connu pour ses envolées spectaculaires dans les cages, celui que l’on surnommait « le Divin Chauve » dresse aujourd’hui un constat amer sur son état physique. Loin des projecteurs et des terrains, Barthez a en effet évoqué sans détour les douleurs persistantes et les séquelles qu’il traîne depuis la fin de sa carrière, au point d’en être impacté au quotidien.
Fabien Barthez lève le tabou sur ses séquelles
« J’ai 50 ans (53), tous les matins, il me faut dix minutes pour me déverrouiller, explique l’ancien gardien. Quand je me lève, je me dis que je suis un vieux. Quand, de 15 à 36 ans, tu as plongé toute la journée dans tous les sens, il ne faut pas s’étonner. Au niveau des disques, il n’y a plus rien. Mais bon, je ne suis pas le seul. On est tous pétés. Tu n’as qu’à venir aux matches (caritatifs) qu’on fait avec Pascal Olmeta, quand tu les vois courir, les mecs… »
Dans cet aveu touchant, c’est toute une époque qui refait surface. Celle où les joueurs étaient poussés au maximum, parfois au mépris de leur santé. Barthez revient notamment sur un épisode marquant de sa carrière, lorsqu’il évoluait sous les couleurs de l’AS Monaco :
« À mon époque, on ne te protégeait pas. Moi, il m’est arrivé de jouer alors que je n’aurais jamais dû. À Monaco, je m’étais fracturé la pommette. J’aurais dû rejouer trois semaines après. On m’a remis tout de suite sur le terrain, avec une coque de protection. Aujourd’hui, j’ai des séquelles. Ça ne s’est jamais ressoudé. C’est comme ça, je ne regrette pas, cela fait partie de mon histoire. »
Ces déclarations mettent en lumière une facette souvent invisible du sport de haut niveau : les sacrifices physiques consentis pour le collectif, l’honneur du maillot, ou parfois simplement la pression du résultat. Dans un football d’aujourd’hui plus encadré médicalement, ce genre de témoignage agit comme un rappel des excès passés. L’ancien Marseillais ne se lamente pas, mais son ton trahit une certaine lassitude — et une douleur quotidienne.
Si le nom de Fabien Barthez reste associé aux plus belles heures du football français, il illustre aussi les cicatrices que laisse une carrière menée à fond. Il ne s’agit pas de se plaindre, mais de témoigner. D’ailleurs, loin d’émettre un quelconque regret, « Fabulous Fab » semble avoir accepté cette nouvelle vie, faite de raideurs matinales et de souvenirs de vestiaires.
Finalement, cette confession sincère nous rappelle que les héros du sport ne sont pas éternels. Leurs corps, eux aussi, finissent par réclamer le prix des exploits passés. À 53 ans, Fabien Barthez ne cherche pas à susciter la pitié — juste à poser un regard honnête sur son parcours, avec ses hauts, ses bas… et ses douleurs au réveil.