Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Les adieux à un grand joueur résonnent souvent avec émotion, surtout quand ils viennent d’un rival respecté. Alors quand Jo-Wilfried Tsonga a raccroché la raquette en 2022, Novak Djokovic, légende absolue du circuit, n’a pas manqué de livrer son avis sur cet adversaire singulier. Et ses mots en disent long.
Le choc a été brutal, la tension palpable. Ce jour-là, à l’Open d’Australie 2008, un jeune Français au sourire large et à la frappe explosive faisait trembler les fondations du circuit mondial. Face à lui, les têtes de série tombaient les unes après les autres. Dans la foulée de cette percée spectaculaire, Jo-Wilfried Tsonga est devenu plus qu’un espoir : un nom que même les plus grands devaient apprendre à redouter. Parmi eux, un certain Novak Djokovic, qui venait tout juste d’entrer dans sa propre légende.
À bien des égards, la relation entre le « Djoker » et Jo-Wilfried Tsonga dépasse les simples confrontations sur le terrain. Les deux hommes se sont affrontés 23 fois au total, avec un bilan sans appel de 17 victoires pour le Serbe. Et pourtant, ce chiffre cache une vérité plus nuancée : rares sont les Français à avoir battu le numéro un mondial aussi souvent. Tsonga l’a fait six fois, souvent dans des conditions spectaculaires, parfois en Grand Chelem. Ces victoires, Djokovic ne les a jamais prises à la légère.
Le coup de chapeau de Novak Djokovic à Jo-Wilfried Tsonga
C’est peut-être ce respect-là, nourri sur les courts et forgé par les batailles les plus intenses, qui donne toute sa portée à l’hommage que Novak Djokovic a rendu à Tsonga, lors d’une conférence de presse en 2022, peu après l’annonce de sa retraite :
Il a beaucoup de charisme, beaucoup d’énergie positive. Je pense que Jo a été l’un des joueurs les plus sympas que nous ayons eu sur le circuit au cours des vingt dernières années. Il a été très important pour notre sport.
C’est une triste nouvelle. Mais je pense qu’il connaît parfaitement bien son corps, et qu’il a des raisons de prendre cette décision. Je lui souhaite beaucoup de bonheur et à toute sa famille aussi. Je sais qu’il a une Académie de tennis pas loin de celle de Mouratoglou. Je ne me fais pas de souci pour lui une fois qu’il aura arrêté.
Ce témoignage sincère, livré sans fard, dit tout de l’estime entre les deux hommes. Là où d’autres Français ont parfois été expédiés sans ménagement par Djokovic, Tsonga avait cette capacité unique à déstabiliser le Serbe. Non seulement par son jeu puissant et instinctif, mais aussi par cette énergie communicative qui faisait vibrer les tribunes.
Aujourd’hui, alors que le Manceau s’est tourné vers une nouvelle vie — entre engagements familiaux et développement de son Académie —, le respect que lui vouent ses anciens adversaires ne trompe pas. Quant à Djokovic, s’il continue d’écrire l’histoire de ce sport, il n’oublie pas ceux qui, à leur manière, l’ont aidé à la façonner.