Andy Murray sans filtre sur Amélie Mauresmo : « Quand je l’ai prise comme coach, les gars dans le vestiaire… »

Andy Murray et Amélie Mauresmo
Sky Sports (DR) / France TV (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Andy Murray n’a jamais eu peur d’emprunter des chemins à contre-courant. Champion au palmarès impressionnant, le Britannique s’est souvent illustré autant pour ses coups de raquette que pour ses prises de position. Récemment, il est revenu sur un moment clé de sa carrière : sa collaboration avec Amélie Mauresmo. Et ce qu’il en dit aujourd’hui en dit long, non seulement sur le tennis, mais aussi sur les mentalités dans le sport professionnel.

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C’est une confidence qui frappe fort, d’autant plus qu’elle résonne encore avec l’actualité du sport de haut niveau. En 2014, alors qu’il sortait d’une période difficile après une opération au dos, Andy Murray prend une décision rare, presque inédite chez les tennismen du top 10 : il nomme Amélie Mauresmo à la tête de son staff. L’annonce fait du bruit, les réactions ne tardent pas – et elles ne sont pas toutes bienveillantes.

Andy Murray marqué par les réactions négatives sur Amélie Mauresmo

Dans une interview toute récente donnée au magazine GQ, Andy Murray est revenu avec recul sur cette période charnière. Il y a notamment été confronté à un certain sexisme, ce qui l’a d’abord surpris, mais surtout blessé.

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Le sexisme ? Je n’y avais jamais vraiment pensé jusqu’à ce que j’engage une coach, Amélie Mauresmo. Ni les gars dans le vestiaire ni mon équipe n’ont bien accueilli la nouvelle à l’époque, ce qui est fascinant car elle avait été numéro 1 mondiale et avait remporté plusieurs tournois du Grand Chelem. Si ça avait été un ancien joueur masculin, cela aurait été considéré comme une embauche incroyable, mais là, c’était l’inverse.



J’ai posé des questions à ma mère, car je ne lui avais jamais vraiment parlé de ce genre de choses auparavant, et elle, évidemment, avait vécu beaucoup de situations différentes en tant que coach féminine dans le sport pendant très longtemps. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à remarquer quand on ignorait ou oubliait les accomplissements des joueuses ou des athlètes féminines, et j’ai commencé à y prêter un peu plus attention.

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Amélie Mauresmo et Andy Murray ont collaboré pendant deux ans, entre 2014 et 2016. Une période marquée par des hauts et des bas sportifs, certes, mais aussi par une évolution personnelle très forte pour le joueur. Derrière cette association atypique, c’est un travail de fond sur les mentalités qui s’opérait, aussi bien dans son entourage que dans le monde du tennis en général.

Ce que révèle Andy Murray aujourd’hui, c’est la solitude qu’Amélie Mauresmo a dû affronter dans un univers qui ne lui laissait pas la place qu’elle méritait. Alors qu’elle était l’une des figures majeures du tennis féminin, son autorité et sa légitimité ont été systématiquement remises en question – un traitement que Murray dénonce avec lucidité, des années après.

À travers cette prise de parole, le champion britannique confirme qu’au-delà de ses performances, il aura marqué son sport par un engagement fort pour plus d’équité. Et si le monde du tennis a encore du chemin à faire, la voix d’un Andy Murray, plus introspectif que jamais, contribue à faire bouger les lignes

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