Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors que le débat sur l’égalité salariale dans le sport ressurgit régulièrement, certaines voix, plus tranchées que d’autres, n’ont pas hésité à s’y opposer frontalement. Gilles Simon, ancien joueur de tennis français au franc-parler bien connu, avait tenu des propos sans détour sur le sujet. Retour sur une prise de position controversée — mais partagée à l’époque par plusieurs grands noms du circuit.
Il y a des déclarations qui passent inaperçues, et d’autres qui marquent durablement. En 2012, lors d’un tournoi où la tension n’était pas seulement palpable sur le court, Gilles Simon s’était exprimé avec une rare franchise sur un sujet sensible : la parité dans les gains entre hommes et femmes dans le tennis professionnel. Ancien numéro 6 mondial, membre du conseil des joueurs de l’ATP à l’époque, il ne s’était pas contenté de nuances ou de demi-mesures.
« On parle souvent de l’égalité dans les salaires. Moi je pense que ce n’est pas un truc qui marche dans le sport. On est les seuls à pratiquer la parité dans les prize-money (primes de victoire, ndlr) alors que les hommes fournissent un spectacle plus attrayant. En Grand Chelem, les hommes passent deux fois plus de temps sur le court que les femmes… Je pense qu’aujourd’hui le tennis masculin est en avance sur le tennis féminin »
Gilles Simon pas seul à s’opposer à l’égalité salariale dans le tennis
Cette déclaration du Français avait déclenché une vague de critiques, mais aussi quelques soutiens. Simon défendait l’idée que le spectacle proposé par les hommes, qu’il jugeait plus “attrayant”, justifiait des écarts de rémunération, de même que le fait que les matchs masculins soient plus longs en Grand Chelem. Une position qui, si elle choquait certains, faisait écho à celles déjà exprimées par d’autres figures majeures du tennis mondial.
Novak Djokovic, alors en pleine ascension vers sa domination historique, avait lui aussi abordé la question la même année. Lors du tournoi d’Indian Wells, il affirmait : « Les statistiques montrent que nous avons plus de spectateurs sur les matchs masculins. Je pense que nous devrions être payés davantage. » Une déclaration qui, bien qu’un peu plus diplomate dans la forme, allait dans le même sens que celle de Simon. Rafael Nadal, de son côté, avait déclaré au Times en 2008 : « C’est injuste que les femmes gagnent autant dans des tournois où elles jouent moins de sets. »
Si certains avaient salué la “lucidité” ou le “réalisme économique” de ces déclarations, beaucoup y voyaient un refus de reconnaître les efforts des joueuses, et une vision dépassée du sport professionnel. À une époque où les tournois du Grand Chelem venaient à peine d’aligner les prize-money, le débat restait vif, et les propos de Simon ajoutaient de l’huile sur un feu à peine contenu.
Plus de dix ans plus tard, ces positions continuent de résonner, même si le paysage a changé. Le tennis féminin a gagné en visibilité, les championnes comme Serena Williams ou Iga Świątek ont conquis leur public, et l’argument de l’“attractivité” se heurte à des chiffres parfois plus nuancés qu’en 2012. Mais les mots de Gilles Simon, comme ceux de Djokovic et Nadal, restent des jalons dans une conversation toujours en cours — celle du juste équilibre entre mérite sportif, spectacle, et équité.