Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Recruté pour moins d’un million d’euros par Arsenal en 1997, Nicolas Anelka a mis du temps avant de trouver ses marques dans le nord de Londres. Arsène Wenger se souvient d’ailleurs de cette acclimatation délicate de l’ancien attaquant français.
À son arrivée en Premier League, il ne comptait que douze matches joués au plus haut niveau avec le Paris Saint-Germain. C’est donc un véritable pari qu’a pris Arsenal au moment de recruter Nicolas Anelka. Relativement peu coûteux (5 millions de francs), cet investissement a quoi qu’il en soit mis du temps à se justifier, tant l’attaquant français, simplement âgé de 17 ans, a eu du mal à trouver sa place chez les Gunners.
Son entraîneur de l’époque, Arsène Wenger, se rappelle dans le documentaire Anelka : l’incompris pourquoi sa jeune recrue n’entrait pas forcément dans ses plans d’entrée :
Arsène Wenger : Il est venu avec l’idée qu’il était un grand joueur, comme souvent quand tu es jeune. Sauf que pour moi, il n’était pas mûr, aussi bien mentalement que physiquement. Il perdait trop la balle, il était un peu insouciant dans son jeu.
La gestion singulière de Nicolas Anelka par Arsène Wenger
Arrivé dans le nord de Londres en février 1997, Anelka n’a pris part qu’à 4 matches d’Arsenal sur la fin de saison. Ou plutôt à trois petits bouts de rencontres avant le déplacement à Derby County, dans le cadre de la dernière journée de Premier League. Frustré, il a dès lors réservé une bien mauvaise surprise à son coach, qui raconte :
Arsène Wenger : Tout le monde était installé dans le bus, mais pas de Nicolas Anelka.
Je tape à la porte de sa chambre, il m’ouvre et je vois qu’il est en train de faire ses valises. Je dis, « Qu’est-ce que tu fais, là ? » Il me répond, « J’ai pas envie de venir. »
Habile meneur d’hommes, Wenger a finalement réussi à convaincre son joueur de rejoindre le reste du groupe après d’âpres négociations, et a pu s’en féliciter dans les heures qui ont suivi.
Contraint de remplacer Paul Merson dès la neuvième minute de jeu, le tacticien alsacien a alors fait appel à Anelka… et n’a pas eu à le regretter :
Arsène Wenger : Il a fait un match fantastique ! (Rires) On gagne le match, il prend sa douche et contrairement à la veille, il a le sourire.
À l’origine de deux buts dans cette victoire 3-1, l’ex-international tricolore aurait alors eu un véritable déclic. De quoi justifier sa reconnaissance envers Wenger :
Nicolas Anelka : Quand t’es attaquant, t’as besoin de ça. Même si t’es fort mentalement, t’as besoin de sentir qu’il y a un coach qui est avec toi, qui sera là dans les moments difficiles et qui te remettra sur le terrain malgré le match moyen que t’as pu faire. Arsène était là et je le sentais. Rien qu’en sachant ça, tu donnes le maximum et généralement, tu réussis parce que mentalement, ça change beaucoup de choses.