Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
L’ancien rugbyman Sébastien Chabal a récemment livré un témoignage bouleversant sur son état de santé, plusieurs années après la fin de sa carrière. Des confidences fortes qui n’ont pas laissé indifférent l’un de ses amis du monde du sport : David Douillet. L’ex-judoka et champion olympique a pris la parole pour réagir, avec émotion, à ces révélations.
Des mots qui frappent, un silence qui s’installe, puis une onde de choc dans le monde du sport français. Lorsque Sébastien Chabal a confié souffrir de pertes de mémoire inquiétantes, des années après avoir quitté les terrains, les réactions ne se sont pas fait attendre. Ce sont des propos lourds de sens, marquant un tournant dans la perception publique des séquelles physiques et mentales liées à la pratique intensive du sport professionnel.
Parmi ceux qui ont été touchés de plein fouet par cette confession, David Douillet, double champion olympique et figure emblématique du judo français, n’a pas caché sa stupeur. Invité à réagir sur la chaîne Legend, l’ex-sportif a livré un témoignage aussi sincère qu’inattendu :
« J’étais choqué. J’étais vraiment triste pour Sébastien. Je le connais bien, c’est un copain… Je ne savais pas non plus, j’ai découvert, et ça m’a terrifié. En judo on n’a pas ça, heureusement, parce qu’il y a certes des chocs, mais quand tu démarres le judo, tu apprends à tomber. Mais oui, ça m’a terrifié ».
David Douillet lucide sur les effets néfastes du haut niveau à long terme
Ces dernières semaines, Sébastien Chabal avait confié souffrir de pertes de mémoire récurrentes, un symptôme qu’il relie à la violence répétée des contacts subis au cours de sa carrière de rugbyman professionnel. Ce genre de témoignage, encore rare en France, commence pourtant à émerger avec insistance dans le paysage médiatique. David Douillet, bien qu’évoluant dans une discipline bien différente, se sent concerné à plus d’un titre.
Avec le recul que lui offre sa retraite sportive, il porte un regard sans illusion sur les dommages que laisse une carrière de haut niveau sur le corps :
« Après en règle générale, un sportif a toujours quelque chose, des bobos… Et des restes après. Je ne dis pas qu’on ne fera pas de bons petits vieux, mais il y a une usure précoce du corps. J’ai une colonne vertébrale avec trois hernies discales, je n’ai plus de cartilage au coude. Le corps humain n’est pas fait pour supporter des charges lourdes tous les jours pendant 20 ans. On fait ce choix, et on l’a en tête, et c’est comme ça ».
Ces déclarations résonnent comme un écho douloureux aux mots de Chabal. Elles mettent en lumière une réalité partagée par de nombreux anciens champions, souvent contraints de vivre avec des séquelles physiques, voire neurologiques, une fois les projecteurs éteints.
Douillet insiste aussi sur un aspect fondamental : la différence de culture et de contact entre disciplines. Là où le judo enseigne la chute dès les premiers entraînements pour limiter les traumatismes, le rugby, lui, expose ses joueurs à des impacts violents et fréquents, avec un encadrement parfois jugé insuffisant sur la question des commotions cérébrales. Bref, un sacré chantier…