Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Durant cinq années passées loin de son pays natal, Hiroki Sakai a eu le temps de se forger une opinion bien tranchée sur la France et ses habitants. Installé à Marseille entre 2016 et 2021, l’ancien latéral droit de l’Olympique de Marseille ne mâche pas ses mots quand il évoque certaines différences culturelles entre la France et le Japon. Une expérience qui l’a marqué, parfois positivement… mais pas toujours !
Il y a des vérités qui ne s’imposent qu’avec le recul, après avoir vécu l’expérience de l’intérieur. Et c’est ce que semble avoir ressenti Hiroki Sakai en évoquant son passage à Marseille, où il a porté les couleurs de l’OM pendant cinq saisons, entre 2016 et 2021. Arrivé discrètement dans le sud de la France, le Japonais a rapidement conquis les supporters par son sérieux et son abnégation sur le terrain. Mais derrière ce calme apparent, il observait, analysait, comparait.
Sans agressivité mais avec une franchise désarmante, le défenseur nippon a récemment partagé ses impressions sur la France lors d’une interview. Et si certaines choses l’ont surpris ou amusé, d’autres l’ont clairement dérangé. Le sujet de la ponctualité, notamment, lui a laissé un goût amer :
Hiroki Sakai dresse un bilan contrasté de la France
« Je ne sais pas si c’est à Marseille qu’on est négligent ou si c’est au Japon qu’on est trop strict. En tout cas, quand on va à l’étranger, on se rend compte à quel point le respect de la ponctualité est important au Japon. (…) Ici, tout le monde s’en fiche. Les Français sont moins exigeants vis-à-vis des horaires et quand on arrive en retard à un rendez-vous, ils ne semblent pas trop s’en soucier »
Ces propos ne sont pas anodins, surtout venant d’un joueur connu pour son professionnalisme exemplaire tout au long de son passage en Ligue 1. Pour Hiroki Sakai, cette différence d’attitude face au temps reflète un écart culturel plus profond, qu’il a mis du temps à vraiment saisir. « C’est en y vivant qu’on s’en rend compte », dit-il — une phrase qui en dit long sur le choc des mentalités qu’il a pu ressentir au quotidien.
Mais tout n’est pas noir pour autant dans le regard que porte Sakai sur la France. À contre-courant des discours parfois pessimistes sur la cohabitation des cultures, le Japonais s’est aussi montré élogieux envers la diversité et l’ouverture d’esprit qu’il a pu observer à Marseille :
« Marseille est une ville plus internationale que je le pensais. Les gens parlent toujours de racisme mais je ne l’ai pas vraiment ressenti. Il y a une diversité raciale ici. Voir un Asiatique dans la rue est quelque chose d’habituel. Au Japon, c’est pire, les gens tournent la tête quand ils voient des étrangers dans la rue. »
Un témoignage précieux, justement parce qu’il est nuancé. Ni pamphlet, ni déclaration d’amour aveugle, les mots de Sakai traduisent un vécu sincère et complexe, à cheval entre deux cultures très éloignées dans leurs codes sociaux. Loin des clichés ou des raccourcis faciles, il apporte un regard lucide sur ce que signifie s’adapter, vivre ailleurs, apprendre à composer avec l’altérité.
Aujourd’hui en Australie, du côté d’Auckland, Hiroki Sakai laisse derrière lui un souvenir fort auprès des supporters olympiens. Son passage à l’OM n’a pas seulement marqué sa carrière : il a aussi façonné sa vision du monde, entre rigueur japonaise et réalité européenne.