Par Rédaction | Sport
Depuis plusieurs jours, les étapes s’enchaînent et l’issue semble déjà scellée. Le Tour de France 2025 est une nouvelle fois dominé par un nom que personne n’ignore : Tadej Pogacar. Entre performances impressionnantes et maîtrise totale, le Slovène fait presque cavalier seul. Mais cette suprématie soulève aussi des questions. Et certains anciens coureurs commencent à s’interroger, comme Pierre Rolland.
Un Tour qui tourne à la démonstration de force, encore une fois. Les jours passent, et malgré les cols, la chaleur ou la distance, Tadej Pogacar continue de faire exploser la concurrence. À l’heure où les téléspectateurs espèrent du suspense, certains ex-pros n’hésitent plus à dire tout haut ce que beaucoup murmurent. C’est dans ce contexte que Pierre Rolland, ancien grimpeur français au palmarès bien rempli, s’est exprimé dans une interview accordée au Figaro. Une sortie remarquée, au moment où Pogacar semble rouler seul sur le Tour.
Pierre Rolland et la domination de Tadej Pogacar
Rolland ne remet pas en question la classe du leader de la UAE Team Emirates, bien au contraire. Mais il s’inquiète de l’effet que pourrait produire cette domination sans partage sur l’intérêt général de la course. « Pogacar peut finir par lasser, c’est sûr… Mais il est plus fort, pourquoi ferait-il des cadeaux à la concurrence. On ne lui a pas fait de cadeaux quand la Visma lui a mis la raclée deux années de suite. Il a un mental de tueur et veut tout gagner. Il me fait penser aux garçons très fort dans les catégories cadets-juniors, quand à 14-15 ans, certains écrasent tout et gagnent vingt-cinq courses par an et qui ne s’en lassent jamais. Il fait pareil mais chez les grands. »
Difficile de dire le contraire. Pogacar ne laisse rien au hasard, et son appétit semble même croître avec la victoire. Après un doublé Giro-Tour annoncé comme un défi presque surhumain, le Slovène est en passe de l’accomplir avec une aisance déconcertante. À seulement 26 ans, il semble déjà marquer son époque. Pourtant, ce contrôle absolu du classement général laisse peu de place au suspense, ce qui interroge sur la capacité du Tour à maintenir l’attention des spectateurs, saison après saison.
D’autres voix dans le peloton partagent ce constat : quand un coureur paraît invincible, le spectacle peut en pâtir. Et le cyclisme, sport d’effort mais aussi de narration, a besoin d’histoires incertaines, de rebondissements. Avec Pogacar, tout semble écrit à l’avance… Un phénomène comparable à l’ère Armstrong ou à la domination de Froome, à la différence près que Pogacar, lui, suscite autant d’admiration que d’inquiétude.
Pierre Rolland, passé par Europcar puis B&B Hotels, connaît bien la difficulté de performer sur le Tour. Voir un coureur écraser autant sans jamais flancher ne peut que provoquer un mélange de fascination et de perplexité. Il ne critique pas le champion, mais souligne les risques à long terme : lassitude du public, désintérêt du grand public pour un sport déjà sous pression médiatique.
Pour l’instant, Tadej Pogacar poursuit sa route, imperturbable. Il file vers un 4ème Tour de France, avec l’apparente sérénité d’un champion qui a déjà tout vu, tout vécu. Mais les mots de Pierre Rolland résonnent : dans un sport où l’incertitude est reine, la domination absolue n’est pas toujours synonyme de spectacle.