Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Difficile de ne pas s’interroger sur l’avenir de Ja Morant après ces dernières saisons marquées par les blessures et les suspensions. Entre l’excitation de ses débuts fulgurants et les doutes qui persistent sur sa durabilité, le meneur de Memphis se trouve une nouvelle fois face à un tournant crucial de sa carrière.
Au cours de ses six années en NBA, Ja Morant n’a jamais disputé plus de 70 matchs en saison régulière, un constat qui inquiète les observateurs. La saison passée, il n’est apparu qu’à 50 reprises, avant de subir une contusion à la hanche lors des playoffs contre Oklahoma City. Ce coup dur l’a limité lors du Game 3 et l’a privé du Game 4, symbolisant une fois encore sa fragilité physique au moment décisif.
Ces incertitudes ne datent pas d’hier. Déjà en 2022, l’analyste Colin Cowherd comparait Morant à d’autres meneurs explosifs dont la carrière avait été ralentie par les blessures. « Ce Ja Morant, je sais qu’il est excellent. Mais je veux rappeler aux fans… nous sommes déjà tombés dans le panneau cinq fois ces douze dernières années. C’était John Wall, c’était Russell Westbrook, c’était Derrick Rose », expliquait-il sur FS1, en prédisant une trajectoire incertaine pour ce type de profils.
Un talent qui ne demande qu’à éclore sur la durée
En pointant du doigt ce parallèle avec des stars au destin contrarié, Cowherd soulignait le risque récurrent pour les meneurs ultra-athlétiques. « Je suis très sceptique sur les chances de titre à long terme de ces arrières bondissants qui foncent au cercle sans être d’excellents tireurs. Ces petits joueurs spectaculaires, qui vous éblouissent, ne durent pas », poursuivait-il, rappelant que l’histoire de la ligue est pleine de promesses brisées.
Pourtant, malgré ces avertissements et les inquiétudes légitimes, Ja Morant garde confiance en lui. Après son dernier coup d’arrêt physique, il affirmait récemment sa détermination à ESPN : « Je me sens bien, prêt à repartir. Je suis déjà dans le labo ». Un message fort qui traduit sa volonté de se relancer et de montrer qu’il n’est pas condamné à répéter le cycle de ses aînés.
Les fans des Grizzlies, eux, oscillent entre espoir et prudence, surtout avec la récente retraite de John Wall. Ils savent qu’un Morant en pleine possession de ses moyens change complètement le visage de l’équipe. Sa vitesse, sa créativité et son explosivité restent des armes rares en NBA, mais encore faut-il qu’elles soient disponibles sur le long terme.
Reste à voir si le meneur parviendra à transformer son talent exceptionnel en héritage durable. En s’inspirant des erreurs de ses prédécesseurs et en adaptant son jeu pour limiter les risques, il pourrait écrire une histoire différente. Mais à 26 ans, le temps commence déjà à presser pour prouver que son destin n’est pas celui de John Wall ou Derrick Rose, mais bien celui d’une superstar qui dure.