Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Les grandes décisions politiques ne font jamais l’unanimité, surtout lorsqu’elles concernent des projets dépassant le milliard de dollars. Pourtant, malgré de vifs débats et une opposition notable, San Antonio a franchi une étape cruciale qui pourrait redessiner son centre-ville pour les décennies à venir.
Le conseil municipal a en effet validé un plan de financement pour une nouvelle salle destinée aux Spurs, estimée à 1,3 milliard de dollars. Cette approbation est intervenue par 7 voix contre 4, un résultat qui a contredit la position du maire Gina Ortiz Jones. Pour la franchise texane, l’enjeu est majeur : disposer d’une infrastructure moderne à l’horizon 2032, année de la fin du bail actuel avec le Frost Bank Center.
Selon le calendrier prévu, les travaux devraient durer près de cinq ans afin que la nouvelle enceinte, d’une capacité comprise entre 17 000 et 18 500 places, soit prête pour la saison 2032-33. Le site retenu est celui de l’ancien Institute of Texan Cultures, au cœur de la ville. Pour convaincre, le plan financier repose sur un partage entre la municipalité, le comté de Bexar et l’organisation des Spurs.
Un projet pharaonique mais contesté
La répartition des coûts illustre la complexité du dossier : la ville s’engage à hauteur de 489 millions de dollars, le comté pourrait aller jusqu’à 311 millions sous réserve d’un vote public en novembre, tandis que Spurs Sports & Entertainment couvrira 500 millions de dollars, plus les éventuels dépassements budgétaires. Cette structure de financement fait réagir, car elle implique une hausse de plusieurs taxes.
Pour le maire Ortiz Jones, les inquiétudes restent vives. « Pour moi, il était important que nous fassions preuve de diligence raisonnable », a-t-elle déclaré après le vote. « Je suis très préoccupée par la manière dont certains électeurs ont exprimé leur mécontentement face à la façon dont ce processus a été mené jusqu’à présent ». Un sentiment partagé par plusieurs habitants, qui estiment que les dépenses publiques auraient dû être davantage justifiées avant une telle décision.
En parallèle, l’organisation texane prévoit d’investir 1,4 milliard de dollars supplémentaires dans des projets de développement autour de la future enceinte, étalés sur douze ans. Les Spurs se sont également engagés à consacrer 75 millions de dollars sur trente ans à des programmes en faveur de la communauté, ainsi qu’à verser 30 millions pour l’acquisition de terrains fédéraux nécessaires au projet.
Ce bras de fer illustre parfaitement la tension entre les ambitions économiques d’une ville et les préoccupations sociales de ses habitants. Si la future salle promet de renforcer l’attractivité de San Antonio et d’assurer un écrin moderne aux Spurs, elle cristallise aussi des fractures politiques et sociales profondes. Les prochains mois, avec notamment le vote prévu au niveau du comté, seront déterminants pour savoir si ce projet pharaonique se concrétisera ou s’il devra être réajusté face aux pressions populaires.