Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Il arrive parfois que les souvenirs censés être joyeux se transforment en frustrations persistantes. C’est exactement ce qui est arrivé à Joakim Noah lorsqu’il a évoqué son passage sous les ordres de Tom Thibodeau. Plus de dix ans après, l’ancien pivot des Bulls n’a pas digéré une décision de son coach qui a marqué l’équipe lors d’un déplacement à l’étranger.
L’ancien défenseur de l’année s’est souvenu d’un voyage au Brésil qui aurait dû être festif, mais qui s’est transformé en corvée à cause de l’intransigeance de Tom Thibodeau. À peine sortis de l’avion, les joueurs de Chicago ont été forcés de participer à une séance d’entraînement de quatre heures. Pour Noah, cette exigence relevait presque de l’absurde et a gâché un moment qui aurait dû rester gravé comme une expérience unique.
Sur le podcast The Young Man and the Three, le Français a laissé transparaître toute sa colère. « J’étais tellement excité, et puis quand on est arrivés à Flamengo, Thibs a voulu qu’on fasse un entraînement directement après l’avion. Il a tout foutu en l’air, tout ce voyage a été gâché. Honnêtement, c’était ridicule. Rien que d’en parler, ça me met encore en colère », a-t-il raconté avec une sincérité brute.
Un style de coaching qui a toujours divisé
La réputation de Thibodeau n’a jamais été simple. Considéré comme un entraîneur brillant, deux fois élu Coach de l’année, il a pourtant traîné derrière lui une image d’extrême rigidité. S’il a ramené Chicago dans le dernier carré de la conférence Est pour la première fois depuis l’ère Jordan, il a aussi souvent été critiqué pour l’usure qu’il imposait à ses joueurs. Les Bulls en ont fait les frais, tout comme les Knicks plus récemment.
Son passage à New York a ravivé les débats. Thibodeau a redonné une identité forte aux Knicks, les conduisant en finale de conférence pour la première fois en 26 ans. Mais les mêmes critiques sont revenues, certains joueurs réclamant plus de gestion des rotations. Selon plusieurs sources, ce manque de flexibilité aurait même pesé dans la décision de l’organisation de tourner la page, malgré les résultats obtenus.
Cette dualité résume bien la trajectoire de l’entraîneur : une obsession de la perfection qui a forgé des résultats mais qui a aussi épuisé certains de ses soldats. Joakim Noah, même en colère, reconnaît à sa manière l’impact immense que Thibodeau a eu sur sa carrière. L’intensité du coach a construit des équipes redoutables, mais elle a également laissé derrière elle des cicatrices encore visibles.
Tom Thibodeau restera comme l’incarnation d’un basket exigeant, sans compromis et totalement dévoué. Ses méthodes ne laissent personne indifférent : pour certains, il est un visionnaire capable de tirer le meilleur de son effectif ; pour d’autres, il est la raison pour laquelle l’énergie s’est épuisée trop vite. Une chose est sûre, son empreinte continuera d’alimenter les discussions bien après son passage sur les bancs NBA.