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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La carrière d’une légende peut souvent masquer des zones d’ombre personnelles. Derrière les exploits et la gloire, certaines blessures intimes restent difficiles à cicatriser. C’est le cas de Larry Bird, icône des Boston Celtics, dont la relation avec sa fille Corrie a longtemps été source de regrets et de douleur.
L’histoire remonte aux années 1970, bien avant que Bird ne devienne un triple champion NBA et une figure incontournable de la ligue. Marié brièvement à Janet Condra, il divorce en 1976 après seulement un an d’union. Leur fille, Corrie, naît en 1977, mais les tensions entre les parents compliquent immédiatement le lien entre Bird et son enfant. L’éloignement s’installe alors que la carrière de l’ailier prend son envol.
Lorsque le joueur met fin à son parcours en 1992, Corrie n’a que 15 ans. Un an plus tard, à l’occasion de la cérémonie officielle organisée par les Celtics pour honorer son héritage, l’adolescente tente d’entrer en contact avec son père. Mais, selon les témoignages de l’époque, elle ne reçoit aucune réponse. Bird, silencieux dans un premier temps, reconnaît plus tard dans son autobiographie cette fracture douloureuse : « Je ne peux pas dire que j’ai eu beaucoup à voir avec sa vie, à cause de mes différends avec Janet. Je pense à Corrie tout le temps, mais que puis-je vraiment faire maintenant ? »
Un poids difficile à porter pour la légende des Celtics
La relation compliquée ne tient pas uniquement à l’échec conjugal, mais aussi au rythme infernal d’une carrière NBA. Bird, constamment sollicité, ne pouvait offrir la stabilité d’une garde classique. Dans son livre, il s’exprime avec franchise : « Je ne peux pas revenir en arrière et revivre les cinq ou six premières années de sa vie. Corrie est une belle jeune femme, douée dans tout ce qu’elle entreprend, et je suis très fier d’elle. Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment su comment gérer la situation. »
Ces mots témoignent d’un regret sincère mais aussi d’une impuissance face au passé. Bird n’a jamais nié ses responsabilités, mais il a souvent souligné que ses manquements n’étaient en rien la faute de sa fille. Le champion, connu pour son éthique de travail et sa loyauté envers ses coéquipiers, a parfois échoué là où cela comptait le plus : dans la sphère familiale.
Pour Bird, la question demeure celle du temps. Peut-on rattraper des années perdues, même avec la meilleure volonté du monde ? L’ancien ailier, qui s’est toujours défini comme un homme de famille issu d’un milieu modeste, a affirmé un jour : « Je l’aime, et chaque fois que Corrie aura besoin de moi, je serai là. » Ces paroles traduisent un espoir de réconciliation, même si elles ne suffisent pas à effacer le passé.
Aujourd’hui, alors que Bird n’est plus contraint par un calendrier étouffant, il lui reste une opportunité précieuse de renouer. Mais la question est ouverte : ce qui n’a pas été partagé pendant l’enfance peut-il vraiment être comblé à l’âge adulte ? Pour Larry Bird, cette interrogation résonne sûrement plus fort que n’importe quelle victoire remportée sur un parquet.
