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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Il existe des histoires de vestiaire qui traversent les décennies, parfois drôles, parfois violentes, mais toujours révélatrices de la réalité d’un environnement ultra-compétitif. L’un des épisodes les plus marquants de la dynastie des Bulls a refait surface grâce à Steve Kerr, qui en garde aujourd’hui un souvenir teinté d’humour.
Lors du camp d’entraînement 1995-96, l’ambiance à Chicago était intense. Michael Jordan, connu pour son exigence démesurée, poussait sans cesse ses coéquipiers à bout pour en tirer le meilleur. Face à Steve Kerr, le ton est monté jusqu’à ce que le shooteur décide de répondre physiquement aux provocations de la star, déclenchant une altercation qui reste gravée dans l’histoire des Bulls.
Jordan n’avait pas l’habitude d’être challengé par ses partenaires, et la réaction de Kerr l’a surpris. La suite est connue : un échange houleux, des coups échangés, et une fin de séance marquée par un œil au beurre noir pour le futur coach des Warriors. Avec le recul, Kerr a préféré en rire : « Je lui ai botté le c*, ce pauvre gars. Je me sens encore mal pour lui »*, a-t-il ironisé, avant de rappeler que c’est lui qui avait encaissé la majeure partie.
Quand un coup de poing devient une leçon de respect
Malgré la brutalité du moment, Kerr en a tiré une leçon positive. « C’était l’une des meilleures choses qui me soient arrivées. J’avais besoin de lui tenir tête et de revenir vers lui. Je pense que j’ai gagné son respect. Depuis, nous avons une excellente relation », expliquait-il déjà en 2012. De son côté, Jordan a reconnu que l’incident avait provoqué une remise en question : « Cela m’a fait me regarder dans le miroir et me dire : tu es vraiment idiot dans tout ce processus. Je savais que je devais être plus respectueux envers mes coéquipiers ».
Ce type d’incident n’est pas unique dans le monde NBA, et Kerr l’a rappelé des années plus tard lorsqu’un scénario similaire s’est produit à Golden State. En 2022, Draymond Green avait frappé Jordan Poole à l’entraînement, déclenchant un tollé médiatique. Pour Kerr, la comparaison avec son vécu était inévitable et révélatrice de la culture de compétition qui règne dans la ligue.
Avec le recul de l’expérience, l’actuel coach des Warriors a nuancé la perception extérieure de ces bagarres. « Ce ne sont pas les règles normales de la société. Vous ne pouvez pas aller au bureau et frapper quelqu’un. Mais au basket, vous pouvez le faire et c’est accepté après », a-t-il expliqué, soulignant le caractère unique de ce milieu.
Aujourd’hui, cet épisode est davantage perçu comme une anecdote que comme une tache dans l’histoire des Bulls. Il rappelle surtout que même les plus grandes équipes se construisent parfois dans le conflit, et que les cicatrices laissées par ces moments deviennent, avec le temps, des leçons de leadership et de respect mutuel.
