Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Scottie Pippen a rarement sa langue dans sa poche, et sa dernière sortie risque encore de faire parler. L’ancien lieutenant de Michael Jordan aux Chicago Bulls, sextuple champion NBA, s’est exprimé sur Nikola Jokic et sur l’évolution du jeu en NBA. Pour lui, la comparaison avec son époque met en évidence une différence majeure : la dureté et la pression défensive que subissaient les intérieurs.
Interviewé par Marca, Pippen a rappelé combien les années 1980 et 1990 étaient marquées par un basket physique et exigeant. Selon lui, les règles actuelles favorisent avant tout le spectacle offensif et la liberté des joueurs. Ce constat soulève une question brûlante : comment Jokic, triple MVP et maître absolu du jeu moderne, aurait-il géré une NBA beaucoup plus rugueuse ?
« Le basket à la fin des années 1980 et au début des années 1990 était aussi physique que possible. Ce n’est plus pareil aujourd’hui ; les fautes dures qu’on voyait avant ne sont plus autorisées. Les équipes jouaient avec une mentalité différente », a confié l’ancien ailier des Bulls. S’il salue l’évolution du jeu, il n’en reste pas moins sceptique sur la capacité du pivot serbe à résister à une pression tout-terrain comme on en voyait à l’époque.
Une NBA transformée par les règles et le style de jeu
Pippen insiste sur la mutation du basket moderne. « Au cours des 15 ou 20 dernières années, l’attaque a été mise en avant. Ils ont changé les règles pour augmenter le scoring. Mais c’est positif pour le jeu. Les grands tirent désormais à trois points. Il n’y a plus de purs pivots. Le jeu est sans poste, plus ouvert, basé sur le tir », a-t-il expliqué.
Reste que Jokic domine la NBA actuelle comme peu de joueurs l’ont fait avant lui. Champion en 2023 avec Denver, il est entouré cette saison encore d’un noyau solide avec Jamal Murray, Aaron Gordon et Christian Braun, promu titulaire l’an dernier. Cet été, les Nuggets ont consolidé leur effectif avec les arrivées de Cameron Johnson, Jonas Valanciunas, Tim Hardaway Jr. et le retour précieux de Bruce Brown.
Malgré cette force collective, Pippen garde une réserve bien précise : « Dans les années 80 et 90, on pressait sur tout le terrain. Est-ce que Jokic pourrait monter la balle face à cette pression ? Je ne sais pas. Bien sûr, il voit le jeu et passe très bien. Mais je ne sais pas s’il serait à l’aise pour remonter le ballon sous cette intensité », a-t-il ajouté.
Ces propos relancent un débat récurrent entre générations : la valeur d’un joueur actuel replacé dans un autre contexte historique. Si Jokic impressionne par son QI basket et sa polyvalence, certains anciens estiment que son efficacité serait moindre face à des défenses plus rudes.